Mbany Sangaré : “Le RPG arc-en-ciel évolue désormais dans l’illégalité”

Responsable de la jeunesse du RPG Arc-en-ciel depuis près de trois décennies, Mbany Sangaré dénonce, dans cet entretien exclusif accordé à Guinée360, une dérive autoritaire et une confiscation du parti par une élite déconnectée de sa base. Suspendu par des instances qu’il juge illégitimes, il réclame la tenue d’un véritable congrès pour sauver ce qu’il reste d’un parti, selon lui, en décomposition.

Guinée360 : Vous considérez-vous toujours comme un membre du RPG arc-en -ciel ?

Mbany Sangaré : Je tiens à préciser que je suis toujours influent au sein du RPG arc-en-ciel. J’assume la direction de la jeunesse depuis 1996. Mon mandat a été renouvelé lors du dernier congrès de la jeunesse tenu en juillet 2003. Jusqu’à présent, je demeure en fonction.

Le bureau politique vous a pourtant suspendu, vous accusant de vouloir déstabiliser le parti. Quelle est votre réaction ?

Je suis membre du bureau politique national, élu lors du congrès du parti. Or, aucun congrès n’a été organisé depuis. Les personnes qui ont annoncé cette suspension n’en ont donc pas la légitimité. Les statuts du RPG prévoient que les instances soient renouvelées tous les cinq ans. Cette règle n’est plus respectée. Le parti évolue désormais dans l’illégalité.

Avez-vous personnellement œuvré pour la tenue d’un congrès ?

Oui, en 2018, j’ai même rédigé une lettre de démission que j’ai soumise au secrétaire permanent. Il m’a dissuadé de partir. Pourtant, les textes du parti exigent un renouvellement régulier des structures dirigeantes : jeunesse, femmes, exécutif national, secrétariat politique… Les militants évoluent, des jeunes montent, il faut en tenir compte.

Certains estiment que les conventions organisées suffisent. Qu’en pensez-vous?

Une convention n’est pas un congrès. Elle permet de prendre une décision ponctuelle, urgente, mais ne remplace pas une réorganisation structurelle. Le congrès, lui, renouvelle tous les organes de la base au sommet.

D’autres cadres du RPG évoquent l’impossibilité d’organiser un congrès en raison de la crise actuelle et des arrestations. Est-ce un argument valable selon vous ?

Non. C’est un refus pur et simple. Le RPG existe depuis 1994. Il est inconcevable qu’un parti ayant gouverné pendant 11 ans ne soit pas capable de réunir ses sections locales pour désigner de nouveaux dirigeants. Les moyens existent, c’est un problème de volonté politique.

Plusieurs jeunes ont été écartés pour avoir exigé une alternance à la tête du RPG. Que répondez-vous ?

C’est dû à la peur du changement. Beaucoup de cadres savent qu’en cas de congrès, ils seraient rejetés. Les militants ne leur font plus confiance. La vérité, c’est que ceux qui ont géré le pays l’ont fait à leur guise, sans consulter la base. Le RPG a certes élu un président à trois reprises, mais il n’a pas réellement gouverné. Les militants ont été abandonnés.

Vous affirmez que le RPG n’a pas gouverné, alors qu’il était au pouvoir pendant plus d’une décennie. Pouvez-vous clarifier ?

Le parti, en tant que structure, n’a pas été associé à la gestion de l’État. Par exemple, durant ces onze années, le président du parti n’a jamais daigné rencontrer le Bureau national de la jeunesse que je dirigeais, composé de 35 membres. Il n’y a jamais eu d’échanges sur les questions importantes. C’est pourquoi je dis que le RPG n’a pas gouverné.

A suivre…

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