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Dans une vidéo diffusée sur ses plateformes numériques, l’économiste et président du Parti des Démocrates pour l’Espoir, Dr Ousmane Kaba, s’est, comme à son habitude dès que l’occasion se présente, exprimé sur l’actualité sociopolitique de la Guinée.
Dans cet enregistrement d’une durée de 7 minutes et 32 secondes, l’ancien ministre de l’Économie et des Finances aborde la crise de liquidités qui touche actuellement les banques commerciales en République de Guinée. Il y examine notamment les causes de cette crise, ses conséquences, ainsi que les pistes de solution envisageables pour atténuer cette situation préoccupante, laquelle suscite une vive attention au sein de l’opinion publique.
Qu’appelle-t-on problème de liquidité dans les banques ?
Lorsque les banques n’arrivent plus à satisfaire les besoins de retrait des clients, on dit que la banque est illiquide. Évidemment, il ne faut pas confondre l’illiquidité et l’insolvabilité. L’insolvabilité, c’est lorsque les banques font de mauvais crédits qui ne peuvent pas être remboursés et la banque tombe en faillite. On n’est pas du tout dans ce cas. Je ne voudrais pas que les gens soient alarmés. C’est une simple crise d’illiquidité, et ça existe souvent dans les économies. Alors une banque, c’est un intermédiaire financier. Pour simplifier, disons que c’est un commerçant d’argent. La banque commerce l’argent.
Que faut-il faire faire en cas de problème de liquidité ?
S’il y a des problèmes de liquidité, si les banques manquent de l’argent, il faut voir ses sources d’approvisionnement. La banque a deux sources essentielles.
Soit c’est les clients qui déposent leur argent au guichet de la banque sur leur compte, soit la banque s’approvisionne auprès de la banque centrale. Au niveau de la banque centrale, soit les banques ont déposé de l’argent à la banque centrale, parce que la banque centrale, c’est la banque des banques. Tout ce que vous faites auprès de votre banque, la banque aussi fait la même chose auprès de la banque centrale. Vous déposez votre argent dans une banque, la banque aussi dépose son argent à la banque centrale. Vous venez demander du crédit auprès de votre banque et bien les banques commerciales aussi demandent du crédit auprès de la banque centrale, c’est ce qu’on appelle le refinancement.
Donc, s’il y a manque de liquidité, voyons un peu ce qui se passe au niveau de la banque centrale. Donc il faut revoir toute la politique d’émission de la banque centrale. Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce que les banques n’ont pas accès à leur argent déposé auprès de la banque centrale, comme elles le souhaitent ? Ou est-ce que la banque centrale refuse de refinancer les banques commerciales ? Généralement, lorsque cela arrive, c’est parce qu’entretemps la banque centrale, qui est la banque de l’État, a fait trop de dépenses pour l’État, des dépenses non prévues. C’est ce que nous appelons dans notre jargon les dépenses extra-budgétaires. Si l’État fait beaucoup de dépenses non prévues, alors que la quantité de la monnaie, la masse monétaire, est surveillée par les institutions de Bretton Woods, notamment le Fonds Monétaire International (FMI), pour éviter l’inflation, on dit que vous ne devez pas dépasser telle quantité de monnaie dans l’économie.
Plus loin, cet économiste de rappeler ce que la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) doit-elle faire ?
Alors si la banque centrale crée beaucoup d’argent, c’est-à-dire fait beaucoup de dépenses pour l’État, des dépenses non prévues, elle a tendance à compenser au niveau du secteur privé.
Donc elle peut être amenée à réduire le refinancement auprès des banques commerciales pour que celles-ci réduisent les crédits au secteur privé. On appelle ça en économie l’effet d’éviction. Ce n’est pas une bonne politique. Il faut que l’État arrête de faire des dépenses extrabudgétaires. Ça peut être l’une des sources de manque de financement au niveau de l’État.
Qu’est-ce qui pousse les clients à garder l’argent par devers eux au lieu de le déposer dans les banques ?
Mais de l’autre côté, ce qui se passe lorsque déjà une banque ou deux banques ont des difficultés à satisfaire les clients, la confiance est érodée. La monnaie, les billets que nous avons s’appellent la monnaie fiduciaire, c’est-à-dire que c’est basé sur la confiance. Si vous venez dans votre banque et que vous avez des difficultés, vous racontez ça à tout le monde, les autres prennent peur. Donc ils refusent d’envoyer leur argent en disant que si demain ils ont besoin de l’argent ils ne pourront pas retirer cet argent.
Donc ça aussi, c’est une crise de liquidité qui vient là. Donc dès que les gens se méfient de la banque, ce n’est pas une très bonne chose. Et qu’est-ce que font les clients ? Ils thésaurisent la monnaie. C’est ce qu’on appelle la thésaurisation. Mettre son argent sous les paillasses, mettre dans son armoire fermée ou ceux qui vendent au marché on met beaucoup d’argent dans les armoires et on ferme dans les caisses. C’est quelque chose que je déconseille formellement.
Pourquoi ? Parce que des voleurs peuvent vous guetter. Ou alors nous avons souvent des accidents d’incendie. Donc ce n’est pas une bonne chose.
Donc c’est les deux sources qui peuvent créer la pénurie d’argent au niveau des banques, qu’on appelle l’illiquidité.
Quelles solutions propose cet économiste et acteur politique guinéen à la banque mère qu’est la Banque Centrale de la République Guinée ?
Écoutez, les solutions sont simples. Comme je l’ai dit, en revoyant les sources d’argent des banques, pour ne pas que les banques manquent d’argent, il faudrait d’abord que la BCRG revoie toute sa politique d’émission et de refinancement.
La politique de refinancement, il faut que la Banque Centrale respecte les règles. D’abord que l’accès des banques à leurs propres dépôts auprès de la Banque Centrale soit illimité et immédiat. Mais deuxièmement lorsque les banques ont besoin de financement que la Banque Centrale puisse les refinancer dans des conditions convenues. Il semble, parce que là je n’ai pas les données, qu’il y a des nouvelles règles à la Banque Centrale qui n’étaient pas convenues. Ça, ce ne serait pas une bonne chose. Mais il faut que la Banque Centrale respecte les règles du jeu, pour que le public ait confiance en son système bancaire
Dr Ousmane Kaba lance une invite aux détenteurs d’argent pour éviter des risques divers et variés
Mais deuxièmement, il faudrait que les déposants aient confiance dans leurs banques. Alors vraiment, j’invite tous les agents économiques qui ont de l’argent par dévers eux, de se débarrasser de cet argent et de déposer au guichet de leur banque. C’est très très important. Ça évite les problèmes de vol, ça évite les problèmes d’incendie, ça évite les problèmes de brigandage. Donc là, c’est vraiment le conseil que je donne au public, de courir et de déposer leur argent dans leur banque, sur leur propre compte. Et les banques doivent faire l’effort de satisfaire les clients.
À l’État, cet ancien ministre du Plan et de la Coopération suggère d’éviter les dépenses non prévues.
Et finalement, je dirais à l’État, il faut éviter les dépenses non prévues. Voilà, l’État ne doit pas peser trop sur la création monétaire. Malheureusement, c’est le cas en Guinée depuis l’indépendance. Ce n’est pas un problème qui vient de commencer. La discipline budgétaire doit être respectée par l’État. Ne pas amener la banque centrale à fabriquer de l’argent n’importe comment, parce que c’est la source d’inflation. Et vous savez, l’inflation, ça mine le pouvoir d’argent de l’ensemble de la population.
Pour finir, ce professeur d’université de rappeler
J’ai l’habitude à l’université d’expliquer à mes étudiants que l’inflation, c’est un voleur qui a des millions de mains dans la poche de chacun. Elle a piqué notre pouvoir d’achat. Donc voilà, et j’espère que cette crise va prendre fin. D’ailleurs, je pense qu’actuellement, la crise est en train de se résorber. Les banques redeviennent encore liquides pour satisfaire leurs clients. C’est à ce prix que l’économie va marcher très bien. Sinon, on va avoir des impacts sur la croissance, sur l’investissement, sur la consommation, et ce n’est pas du tout profitable pour l’ensemble du peuple de Guinée. Ça remet en cause la croissance et la prospérité dans n’importe quel pays.
Décryptage: Mamadou Yaya Barry
L’article Manque de liquidité dans les banques: «généralement, lorsque cela arrive, c’est parce qu’entretemps la Banque centrale a fait trop de dépenses non prévues» (Dr Ousmane Kaba) est apparu en premier sur Mediaguinee.com.