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Le camp français est un site touristique préfectoral et un lieu de prières pour la population de Guéasso, où furent massacrés 12 autochtones, après l’assassinat d’un Français dans la région de Lola, en 1911. Ces martyrs qui furent égorgés pour venger la mort du colon français, alors qu’ils n’étaient coupables de rien, méritent qu’on se souvienne d’eux, selon l’ex maire de Guéasso.
Ces victimes étaient composées de marabouts, chasseurs, féticheurs, chefs de village et imams. Le maire de Guéasso explique l’importance de ce lieu, hautement significatif. Pour Ibrahima Diawaty Doré, » cet endroit était le camp des Français. C’est un lieu sacré pour le peuple de Karagba, à cause de l’enlèvement qui s’est passé ici en 1911. C’est à Guéasso que résidait le chef de canton, selon lui. Les Français sont venus s’y installer pour travailler avec nos parents. Le chef de canton qui était là à cette époque, qu’on appelait Gbah Fofana, a dit aux Français : « si quelque chose vous arrivait dans la forêt, c’est moi Gbah. Ils étaient transportés dans des hamacs et chaque village prenait la relève, jusqu’à notre village. C’est à la suite de ça, que certains n’ont pas accepté de transporter et ils ont tué un blanc, hors de la zone de Guéasso. Mais l’engagement pris par le chef de canton en disant que si quelque chose vous arrive dans la forêt, c’est moi, a été pris en compte par les colons, après l’assassinat d’un Français. Et en représailles, 12 hommes forts furent arrêtés et égorgés. Les Français avaient beaucoup de choses ici à Gueasso, par contre la population a été détruite. Parce que les hommes tués étaient très importants. On appelait ce coin, une pépinière de café. Il y avait des séchages de café et le reboisement à Guéasso. »
Parlant de la provenance des 12 victimes, Ibrahima Diawaty Doré indique que « deux personnes étaient des karamokos voire des walious venant de Moribadou. Parce que les blancs ont tout fait pour les tuer, mais impossible. Après cette humiliation, ils ont accepté de se livrer aux blancs. Selon nos parents, l’eau du petit ruisseau a changé de couleur ce jour, il y a eu un vent ce jour, ceux qui ont vécu cela, pensaient à la fin du monde. Après ces assassinats, quelques heures plus tard, une note est venue de ne pas tuer ces personnes, mais elles étaient déjà toutes égorgées. C’est une histoire de plus de 110 ans. C’est pourquoi ce lieu est sacré. Nous avons eu l’idée d’entretenir cette forêt immortalisée par ces 12 hommes. Nous voulons faire de ce lieu un site touristique et mémoriel. Il faut préciser que le chef de canton n’avait pas été tué, mais avait été déporté à Beyla. Et Guéasso a perdu son titre de canton au profit de Foumbadou. Nous lançons un appel au gouvernement guinéen et à l’ambassade de la France en Guinée, de dédommager la population de la sous-préfecture de Guéasso. La France doit dédommager les petits enfants des victimes et demander pardon. Nous demandons au gouvernement guinéen de mettre dans les livres, cette histoire de la Guinée. Les descendants des victimes viennent toujours pleurer sur place, en disant : « vous avez été tués à cause de votre importance et la barbarie étrangère vous a tués sans jugement. »