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Le président sierra-léonais, Julius Maada Bio, a été élu le 22 juin dernier à la tête de la CEDEAO (communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest). Ainsi, il prend les rênes de cette organisation ouest-africaine dans un contexte particulièrement difficile, notamment à cause des coups d’Etat militaires, l’insécurité au Sahel et le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO. Les défis du successeur du Nigérian Bola Tinubu sont nombreux et complexes. Mais, il promet de travailler pour « une sous-région prospère et florissante ». Va-t-il réussir à réaliser cette ambition ?
Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce vendredi, 4 juillet 2025, Souaïbou Fofana, analyste des risques sécuritaires, acteur de la société civile dans le domaine de la paix et de la sécurité, formateur et ancien chercheur, a évoqué ce qui, selon lui, doivent être les priorités du président Julius Maada Bio.
Décryptage !
Guineematin.com : Quelle est votre analyse sur la prise de fonction du président Julius Maada Bio à la tête de la CEDEAO ?

Souaïbou Fofana : Le président sierra-léonais, qui a été hissé à la tête de la commission pour pouvoir assumer son mandat. Monsieur le président Julius Maada Bio a effectivement remercié l’organisation de la CEDEAO à travers ses homologues des États membres de la CEDEAO, par rapport à sa désignation à la tête de l’autorité des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO. Il a d’abord remercié et reconnu l’existence, mais aussi la valeur de l’organisation, qui était primordiale. Ensuite, il a dressé une liste des deux mains clés, des priorités, pour pouvoir les atteindre pendant son mandat. Ces deux mains sont en réalité quatre priorités. La première, c’est l’établissement de l’ordre constitutionnel et l’approfondissement de la CEDEAO, dont l’Afrique de l’Ouest a véritablement besoin aujourd’hui. Deuxièmement, comment revitaliser la coopération régionale en matière de sécurité, sachant que la région de la CEDEAO est secouée par l’insécurité. Troisièmement, débloquer l’intégration économique, qui est l’objet fondateur de l’organisation et qui souffre aujourd’hui de cette politique d’intégration économique. Quatrièmement, renforcer la crédibilité institutionnelle : donner à l’institution sa dimension, son statut, son avantage, mais aussi la renforcer auprès des institutions et la crédibiliser auprès des citoyens de la CEDEAO. Son leadership à la tête de son pays, il souhaiterait aujourd’hui le transporter ou le transposer pour pouvoir atteindre les objectifs de la CEDEAO. Sachant que la CEDEAO traverse un moment de crise interne, une crise liée non seulement au détachement des pays qui vivent sous le coup d’État, mais principalement des trois pays qui ont déjà essayé de créer une organisation au sein même, ou dans l’espace même, de la CEDEAO. Il s’agit bien du Burkina, du Niger et de la République du Mali, qui ont décidé de se retirer de la CEDEAO, de se retirer de tous les accords de la CEDEAO. Ce qui décrédibilise l’institution, qui affaiblit l’institution dans sa vision de gouvernance globale, dans sa vision d’intégration globale, dans sa vision d’atteinte de l’objectif global pour les citoyens de la CEDEAO, pour les États de la CEDEAO.
Guineematin.com : Qu’est-ce qui doit être sa priorité au cours de son mandat ?
Souaïbou Fofana : La priorité, parmi les quatre priorités que le Président Julius Maada a lui-même dégagées, c’est effectivement l’ordre constitutionnel et le renforcement de la démocratie. Cette autorité constitutionnelle que les pays de la CEDEAO sont en train aujourd’hui de perdre, ou ces pays de la CEDEAO qui se détachent de l’organisation, afin d’évoluer indépendamment ou à huis clos. Et à mon avis, cela affaiblit la dimension et l’autorité de la CEDEAO, celle de l’organisation en Afrique de l’Ouest. Sachant que l’Afrique de l’Ouest est victime de l’insécurité transfrontalière, de l’insécurité intérieure, de l’insécurité maritime, l’institution ne peut rester en marge sans pour autant apporter son soutien, sa contribution, sa politique de renforcement de la sécurité humaine au sein de l’espace CEDEAO. Ce qui est aujourd’hui l’objectif ultime, l’un des objectifs phares de la CEDEAO, c’est d’établir la sécurité au sein des États membres de la CEDEAO. Cette sécurité est aujourd’hui fragilisée.
Guineematin.com : Pourra-t-il réussir là où les autres ont échoué dans la gestion des coups d’État ?
Souaïbou Fofana : En parlant de la réussite, où il pourrait réussir là où les autres ont échoué dans la gestion des coups d’État, je dirais que chaque homme politique, chaque homme d’État a sa vision, ses relations, sa crédibilité, son charisme. En cela, il pourra asseoir son autorité, il pourra asseoir sa politique, il pourra asseoir sa vision, ses stratégies, afin d’atteindre ses objectifs. Monsieur Julius Maada Bio a promis de rétablir l’ordre constitutionnel et de renforcer la démocratie en Afrique de l’Ouest pendant son mandat, qui est aujourd’hui fragilisé. Sachant que l’Afrique de l’Ouest est en crise de gouvernance par rapport à la vision de la CEDEAO, cela va être pour le président Julius Maada Bio une priorité, mais aussi une difficulté, pour faire la convergence entre les États membres de la CEDEAO afin de s’accorder à une unité d’autorité. Quant à la CEDEAO, l’organisation elle-même doit redéfinir et revoir sa stratégie de mobilisation des États membres. Elle doit identifier les frustrations, les limites que les États membres de la CEDEAO dénoncent au sein de l’organisation. La CEDEAO doit écouter, suivre, entendre ses membres afin de protéger les citoyens civiques dans ces pays, afin de renforcer son cadre institutionnel, afin de crédibiliser l’organisation auprès, et au vu et au su des citoyens, mais aussi la crédibiliser au regard des partenaires institutionnels. La CEDEAO doit favoriser une coordination en matière de sécurité, en matière de gouvernance, en matière économique, culturelle, éducative, pour pouvoir développer son espace et se débarrasser de toute stratégie qui pourrait frustrer ou créer la frustration au sein de l’organisation et qui pourrait créer, bien sûr, le détachement de certains membres de la CEDEAO ou bien des divergences au sein de l’organisation.
Yayé Oumou Barry pour Guineematin.com
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