La Haute-Guinée victime d’orpaillage sauvage

il y a 2 heures 15
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Autrefois pratiqué par endroits en République de Guinée, l’orpaillage clandestin connait aujourd’hui une dynamique de croissance remarquable jusqu’a occupé désormais près de 2% du territoire. Il connait un essor du fait de la manne économique rapide qu’il procure. L’orpaillage clandestin est appréhendé comme une solution d’amélioration des conditions de vie des populations rurales gagnées par la paupérisation. Cependant, il constitue un facteur de dégradation de l’environnement naturel: perte de surfaces cultivables, pollution des cours d’eau, dégradation des sols, de l’écosystème, destruction de la végétation…. Pratiquée en dehors de tout cadre légal, cette activité extractive s’accompagne de techniques rudimentaires et destructrices, qui ont de graves répercussions sur l’environnement naturel local. Ainsi, les régions de Dinguiraye, de Siguiriri, de Kankan, Mandiana, Kissidougou, Kérouané présentent aujourd’hui un visage environnemental chaotique.

Les méthodes destructives utilisées sur le terrain

Selon le rapport reçu d’un responsable du ministère des Mines et de la Géologie, les techniques et méthodes d’exploitation clandestine de l’or varient selon les terrains. Les nouvelles méthodes sont plus utilisées par les communautés burkinabè et malienne, qui maîtrisent bien les techniques. Les nationaux eux, usent pour la plupart, un mode d’orpaillage effectué à l’aide de moyens rudimentaires, sans aucune autorisation des autorités compétentes. Cette méthode repose principalement sur le creusage de trous étroits et profonds à la main, sans équipement de sécurité. Les orpailleurs utilisent des pelles, des pioches, des seaux et des pompes artisanales pour atteindre les couches

Cette méthode d’extraction comprend trois étapes clés de l’exploitation. Tout d’abord, les creuseurs prélèvent des sédiments (terre, sable, gravier) issus de lits de rivières ou de zones aurifères. Ensuite, les laveurs mettent ces sédiments dans la batée, remplissent celle-ci d’eau, et la font tourner sous un certain angle pour  permettre à l’eau de faire dévaler les particules légères. Le sable, le gravier et d’autres minéraux sont ainsi éliminés par les mouvements circulaires. Enfin, un troisième groupe de la chaine d’exploitation procède à l’amalgamation (séparation de l’or des déchets) à l’aide du mercure, un produit toxique qui permet d’amalgamer les particules d’or, mais pollue gravement les sols et les cours d’eau.

Au fur et à mesure de ce processus, les particules d’or, plus lourdes, se déposent au fond de la batée, permettant à l’orpailleur de les récupérer. Cette méthode est simple et peu coûteuse, mais elle est également assez lente et nécessite une grande habileté. Certains orpailleurs utilisent cette technique surtout dans les rivières, les ruisseaux et les anciens lits de cours d’eau où l’or est souvent présent sous forme de petites paillettes. En outre, l’exploitation se fait généralement dans les bas-fonds et les trous présentent des formes rectangulaires de longueur comprise entre 10 et 15 mètres pendant que la largeur varie entre 3 et 5 mètres en fonction de la teneur de la ressource aurifère. Quant à la profondeur des trous, elle se situe entre 1 et 3 mètres. Par contre, ces trous ne sont plus refermés après exploitation, ce qui dégrade les sols puis les rend impropres aux activités agricoles.

Les moyens utilisés, selon toujours le rapport sont des outils rudimentaires, notamment, les pioches, des dabas, des pelles, des poêles, des pannes, des tamis, des seaux, des planches et du bois. En effet, les orpailleurs clandestins creusent des puits pour atteindre les couches aurifères. La récupération ou le traitement du minerai se fait avec une ingéniosité traditionnelle minutieuse, qui consiste à laver et tamiser à la main dans les cours d’eau ; les roches pour isoler les particules d’or des roches sableuses, du gravier et de l’argile. Dans d’autres circonstances, à défaut de creuser des roches contenant de l’or, les orpailleurs clandestins procèdent au lavage des roches issues du creusage.

Souvent les orpailleurs procèdent directement au lavage des roches abandonnées par les exploitants de la technique d’extraction.

En effet, les orpailleurs clandestins procèdent au débroussaillage du site, à la coupe des arbres et au creusage des trous pour récupérer les roches contenant le minerai. Les roches récupérées sont remontées à la surface et entassées à un endroit aménagé pour le lavage du minerai. Cette technique consiste également à installer une « rampe à laver » auprès des tas de sables ou des roches abandonnées contenant des pépites d’or. L’on procède aussi au broyage des roches ou des pierres dans une trémie. Les pierres broyées se retrouvent dans une rampe à lavage traditionnelle confectionnées par des bois et d’une moquette à récupération.

L’eau aspirée par les motos pompe assure le lavage et l’or est récupéré par la suite sur les moquettes (Tapis) pour la récupération du minerai pour le lavage. Cette technique est plus pratiquée par les Burkinabés et des Maliens et exige une quantité importante d’eau pour le lavage avec l’utilisation des produits chimiques comme le mercure et le cyanure.

Dans certaines régions, selon nos sources, l’orpaillage clandestin exige l’usage de moyens technique d’exploitation semi-industrielle à ciel ouvert qui a un impact négatif sur l’environnement naturel. Elle se pratique sur une superficie d’au moins dix hectares. Cette technique consiste à utiliser des machines pour nettoyer de grandes surfaces en détruisant la biodiversité avant le creusé à l’aide de Poclin. Elle emploie généralement une main-d’œuvre peu abondante, mais la plupart sont qualifiées dans l’exercice de cette activité.

Extraction d’or sur la terre ferme et les bas-fonds.

L’opération commence par l’excavation de puits ou de tranchées dans les zones présumées riches en or, souvent jusqu’à atteindre une couche de graviers aurifères appelée « conglomérat ». Une fois cette couche extraite, elle est transportée vers une zone de lavage où elle est traitée à l’eau, souvent à l’aide de batées (cuvettes), de tapis, ou de rampes de lavage rudimentaires. Le principe repose sur la densité élevée de l’or, qui permet de le séparer plus facilement des autres matériaux plus légers. Bien que peu coûteuse et accessible, la méthode utilisée est souvent associée à un faible rendement, des conditions de travail pénibles et des impacts environnementaux notables, notamment la dégradation des sols et la pollution des eaux par les rejets boueux. En outre, ces méthodes ou techniques sont aujourd’hui à l’origine de la dégradation de l’environnement naturel en Haute-Guinée. Ici, à lire le rapport, l’extraction se fait dans les terres fermes comme dans les bas-fonds. Les trous présentent diverses formes où la longueur peut atteindre 50 mètres au maximum pendant que la largeur se situe entre 15 et 20 mètres en fonction de la teneur de l’or sur le site. Quant à la profondeur des trous, ils oscillent entre 3 et 10 mètres. Cette technique se pratique sur des sites clandestins de plus de 2 hectares. Elle entraine une dégradation importante du couvert forestier avec des sols appauvris.

La drague : une technique d’extraction destructrice de l’écosystème aquacole

La technique d’extraction par drague, bien qu’efficace pour l’exploitation artisanale de l’or, à des conséquences environnementales et sociales néfastes. En effet, elle contribue à la dégradation des écosystèmes aquatiques, à l’érosion des berges, ainsi qu’à la pollution des cours d’eau par les produits chimiques comme le cyanure et le mercure utilisés dans le processus d’extraction. Ce type d’exploitation est plus fréquent sur les cours d’eau dans certaines localités. Elle repose sur l’utilisation d’un petit « bateau » de fortune, souvent en bois ou en métal, aménagé comme plateforme flottante. Ce « bateau » est équipé d’une pompe à eau puissante, reliée à un tuyau d’aspiration qui puise les sédiments au fond de la rivière.

Ici C’est une machine flottante équipée d’un système de pompage ou de succion, utilisée pour aspirer les sédiments du lit des cours d’eau (sable, gravier, boue) afin d’en extraire l’or qu’ils contiennent. Ces minéraux aspirés (sable, gravier, vase) sont ensuite acheminés vers une rampe de lavage ou « slice box », où l’or est séparé grâce à sa densité plus élevée.

La rampe est généralement tapissée de moquette ou de structures appelées riffles, qui retiennent les particules d’or pendant que les minéraux plus légers sont évacués par le courant. Ces méthodes permettent une exploitation rapide et peu coûteuse de l’or, mais elle engendre de forts impacts environnementaux, notamment la turbidité de l’eau, la destruction des habitats aquatiques et dans certains cas, la pollution au mercure lorsqu’il est utilisé pour amalgamer l’or.

L’orpaillage clandestin et ses conséquences néfastes sur l’écosystème aquatique, les cours d’eau, les ressources forestières, la biodiversité

Il faut le dire tout net. L’orpaillage clandestin constitue un problème environnemental majeur. Depuis des années, des orpailleurs illégaux se sont installés dans les zones rurales, creusant des galeries et des tranchées sans autorisation. Ce phénomène dégrade les sols, détruit la végétation et perturbent les cours d’eau.

Les défrichements, pour la préparation des sites d’orpaillage, constituent la première source de dégradation des ressources forestières dans nos régions surtout en Haute-Guinée. Selon un officier des Eaux-et-Forêts, le bois est utilisé pour améliorer les puits dont la longueur varie entre dix et trente mètres, voire plus. Cette situation selon lui, entraine la dégradation de la biodiversité et surtout les végétaux vivant le long des cours d’eau. « Les cours d’eau sont menacés par le développement de l’orpaillage clandestin dans les villages. En outre, la surpopulation dans les zones d’orpaillage contribue à la déforestation. Ce déboisement entraine le déplacement et la raréfaction des espèces animales », dira-t-il avant de continuer. « Cette forme d’exploitation illégale provoque une déforestation rapide et progressive, affaiblissant considérablement la couverture végétale. En conséquence, les écosystèmes sont fortement perturbés, entraînant la destruction des habitats naturels essentiels à la survie de nombreuses espèces animales. Ce phénomène, observé en Haute-Guinée, s’étend également à d’autres zones du pays touchées par cette activité. La disparition progressive de la faune, notamment les oiseaux, reptiles et petits mammifères, est directement liée à la dégradation de leur environnement naturel. Faute d’un cadre écologique stable et viable, ces espèces ne parviennent plus à se maintenir ou à se reproduire, ce qui menace leur survie à long terme dans les forêts »

En somme, l’activité d’orpaillage clandestin, exercée en dehors de tout cadre légal et sans respect des normes environnementales, constitue aujourd’hui une véritable menace pour les cours d’eau et les écosystèmes aquatiques. En effet, les techniques utilisées par les orpailleurs clandestins sont très polluantes. Pour séparer l’or des sédiments, ils emploient des produits chimiques hautement toxiques, notamment le mercure. Une grande partie de ce mercure est rejetée directement dans les rivières, contaminant l’eau, les animaux aquatiques. Dans les villages environnants, où les populations consomment l’eau des rivières ou en dépendent pour la pêche, cette pollution représente un danger sanitaire majeur., on ne cessera de le dire.

« Les fleuves secondaires et les zones (aurifères) humides sont particulièrement touchés. L’eau y devient trouble, les poissons meurent en grand nombre, et certaines espèces aquatiques commencent à disparaître. Outre la contamination chimique, l’orpaillage entraîne également un envasement important des rivières à cause du remuement excessif des sols. Cela réduit le débit de l’eau, favorise les inondations en saison pluvieuse, et détruit les zones de reproduction des espèces aquatiques. Ainsi, l’eau est utilisée à toutes les étapes de la transformation du minerai. Pour ces motifs, elle est la plus impactée négativement parmi toutes les ressources naturelles dans ces zones. Cette situation se produit à différents niveaux de la transformation du minerai, notamment avant et après le creusage du trou pour récupérer les roches ou le sable contenant les pépites d’or et le lavage du minerai. Par exemple, lorsqu’un petit cours d’eau révèle la présence d’or, les orpailleurs utilisent des techniques de pompage pour évacuer l’eau afin de rendre exploitable le site. Lors du creusage, il arrive souvent que les creuseurs accèdent facilement aux eaux souterraines voire la nappe phréatique, surtout lorsqu’ il s’agit d’un sol saturé ou humide. Dans de tels cas, ils procèdent à l’évacuation des eaux, soit en le faisant manuellement en tirant la corde ou en utilisant les motopompes, ce qui fait baisser le niveau de la nappe phréatique. En plus, les lits des cours d’eau ont séché et sont même en voie de disparition, car le lavage des minerais se déroule directement dans ces rivières », conclut un responsable du ministère de l’Environnement qui a bien voulu garder l’anonymat.

Selon le rapport de l’inspecteur au ministère des Mines, l’extraction clandestine de l’or se développe à proximité des cours d’eau et parfois sur ces ressources en eau avec des outils modernes. La technique d’exploitation sur l’eau est la méthode des dragues. Ces dits outils modernes sont constitués d’un moteur, d’une pirogue de bois et de plusieurs tuyaux. Ainsi, les orpailleurs utilisent de l’essence, du gasoil pour alimenter le bateau qui leur permet de creuser l’or au fond de ces ressources en eau. Ils utilisent également le cyanure et le mercure dans la récupération de l’or. Ces produits toxiques (cyanure, mercure, essence et gasoil) ; rejetés directement ou indirectement, contaminent ses ressources en eau et menacent la survie des animaux aquacoles qui y vivent.

Il faut retenir que les opérations minières modifient régulièrement le paysage environnant en exposant des sols qui étaient précédemment intacts. Les impacts physiques engendrés par la réalisation des trous, la formation des tas de rejets miniers et le déboisement influencent négativement la qualité du sol. Cette influence se manifeste par la perte de l’horizon superficiel cultivable occasionnée par les érosions hydriques et éoliennes. Cela favorise également la diminution des infiltrations et la perte des éléments nutritifs et de la matière organique, causant ainsi l’infertilité du sol. Les pratiques de l’exploitation artisanale ne permettent pas la restauration des terres après l’exploitation. Ces pratiques ont contribué puissamment à la diminution du nombre des terres cultivables et à l’augmentation du nombre des sites orphelins sans restauration.

 Plusieurs villages de la Haute-Guinée se voient aujourd’hui entourer par des montagnes de terres infertiles, impropres créées par les activités d’exploitations clandestines de l’or. Après la pratique de l’orpaillage clandestin sur cet espace. L’on aperçoit à perte de vue, un état dégradé et abandonné du sol sur l’espace qui a servi d’extraction clandestine de l’or. L’orpaillage clandestin entraîne donc la dégradation de grandes quantités de terre et constitue un danger pour la sécurité alimentaire, car les terres riches et fertiles sont cédées pour l’orpaillage par les propriétaires terriens en quête de revenus rapides, ignorant les dégâts que cela causerait.

Cette dégradation du sol a d’énormes conséquences négatives avec des risques de perturbation du sol, favorisant aussi l’érosion des terres arabes et la réduction de la fertilité des terres agricoles. On note aussi des inondations dans les zones environnantes liées à un détour du chemin des cours d’eau. Sa pratique occasionne aussi la perte des surfaces cultivables, aboutissant à des risques d’insécurité alimentaire et la cherté des denrées alimentaires.

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