Kim poursuivi pour “complicité de détournement” : les banques refusent de garder son argent

Comme on le dit souvent, l’argent n’aime pas le bruit. L’entrepreneur taiwanais,  Cheng Jiin Sueg alias Kim, naturalisé guinéen, propriétaire des tours jumelles de Kakimbo à Bambeto et la société Castor, est dans des sales draps. Ses affaires tournent au ralenti et certaines banques refusent de garder même son argent. Et pour cause, il est accusé de complicité dans une affaire présumée de détournement des deniers publics.

Certaines banques hors de la Guinée ont sommé Cheng Jiin Sueg alias Kim de retirer son argent de ses comptes domiciliés chez-elles. En Guinée, une banque très connue lui a intimé également de faire de même en raison de son implication dans cette affaire de détournement présumés des deniers publics.

Me Rafiou Raja avocat de M. Cheng Jiin Sueg alias Kim

“M. le président il y a des problèmes parce qu’un homme d’affaires ne peut pas subsister à des telles situations. L’image (de mon client, ndlr) est écornée. Ecobank Guinée nous a demandé d’aller retirer notre argent de chez-elle. Parce que nous sommes dans une procédure qui n’est pas claire où nous sommes appelés pour une complicité de détournement des deniers publics. Pendant que nous avons fait un cadeau de moins de 2 mille dollars à quelqu’un gracieusement. M. le président ceci écorne notre image et entame notre crédibilité”, a regretté Me Rafiou Raja avocat de M.Kim, lundi 5 février 2024 devant la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF).

Étant donné que les débats dans cette affaire de faits présumés de détournement des deniers publics étaient arrivés à terme, l’avocat sollicite que le changement de la composition de la Chambre de jugement n’empêche pas la continuité de la procédure. Il suggère que le nouveau juge ordonne les plaidoiries et réquisitions cela pour gagner en temps et laver rapidement l’honneur de son client.

“Nous avons passé près d’une année de procédure. Tout est noté dans un plumitif, et heureusement un des conseils n’a pas été muté ailleurs. Il a pris des notes et a participé à la délibération. M. le président vous l’entendrez et consulterez le plumitif, pour votre conviction j’aimerais que vous acceptiez d’entendre plaidoiries et réquisitions. Et tant entendu qu’en délibération vous allez convoquer le régistre et entendre les conseillers”, a plaidé Me Rafiou Raja.

De son côté, la partie civile a tout de suite rejeté cette demande. Selon elle, le juge doit s’imprégner du dossier. “Ce n’est pas une course de vitesse. Et, la liberté et le patrimoine des gens sont mis en jeu. Il serait important que vous repreniez les débats pour votre bonne compréhension de ce dossier dans l’intérêt de toutes les parties. À défaut, monsieur le président, les mêmes personnes diront que vous n’avez pas été conséquent en ayant pas fait reprendre les débats. Vous n’avez pas compris le dossier”, a déclaré Me Babein Camara, avocat de l’État guinéen dans cette affaire.

Yagouba Conté, nouveau président de la Chambre de jugement de la Crief

Enfin le juge ordonne la reprise des débats pour sa bonne compréhension du dossier conformément à l’article 491 du code de procédure pénale. C’est ainsi que l’ancien Président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara, a ouvert le bal.

De la gauche vers la droite: Me Santiba Kouyaté, Jun Sun Chen,  Amadou Damaro Camara et Zeinab Camara et Me Lancei 3 Doumbouya

Il faut rappeler que Cheng Jiin Sueg est poursuivi pour des faits présumés de complicité de détournement des deniers publics portant sur un montant de 15 milliards Gnf, d’enrichissement illicite et prise illégale d’intérêt dont l’honorable Amadou Damaro Camara, Zeinab Camara dit Zée Pharel et Michel Kamano sont les présumés auteurs. Cette procédure a commencé depuis avril 2022, mais le procès a débuté en mars 2023. Après 11 mois d’audience, les débats étaient finis. Il ne restait que les plaidoiries et les réquisitions avant la délibération. Mais le remaniement intervenu au niveau de la Crief, le 12 janvier 2024, a modifié la composition de la Chambre de jugement en mutant certains juges ailleurs. Cela a eu pour conséquence la reprise des débats.

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