Ibrahima Tawel Camara de la HAC à Kankan : « ces gens-là (militaires du CNRD) sont prêts à tout pour conserver leur pouvoir… »

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Comme indiqué dans une de nos précédentes dépêches, trois commissaires de la Haute Autorité de la Communication ont conféré avec une trentaine de journalistes dans l’après-midi d’hier, mercredi 12 juin 2024, au siège de la maison régionale de la presse de Kankan. L’objectif de cette rencontre était d’appeler les hommes de médias au respect de l’éthique et la déontologie du métier de journaliste. Et, le retrait des agréments des médias (Djoma, FIM et Hadafo) s’est invité dans le débat, rapporte l’équipe de Guineematin.com à Kankan.

Dans leur communication devant une trentaine de journalistes, l’équipe de trois commissaires (conduite par Ibrahima Tawel Camara) a d’abord rappelé que le paysage médiatique de Kankan amène à se poser des questions. Mais, très vite, c’est la question du retrait des fréquences des groupes de presse (Djoma, FIM et Hadafo) qui a pris le dessus. 

À en croire le Commissaire Ibrahima Tawel Camara, les militaires du CNRd voulaient faire une descente musclée pendant les émissions phares pour fermer ces médias de façon fracassante. « Ces gens-là, c’est des militaires, c’est un régime militaire, c’est un régime d’exception, ce n’est pas la loi qu’on vise, ce n’est pas les articles, c’est la force ! Et puis, Dieu a sauvé les radios qu’on a fermées… Je voulais garder ça pour moi-même ; mais, je vous informe, puisqu’on doit vraiment se dire la vérité. On voulait attendre au moment où ces gens étaient en pleine émission autour des micros, je voulais garder ça pour moi-même. Il a fallu quelques interventions pour que ce passage là soit éliminé. Vous avez vu l’exemple de la radio Liberté FM de Hadja Aissatou Bella, quand les militaires sont allés là-bas, ils ont tout saccagé, on a frappé les journalistes qui étaient là-démantelé», a-t-il rappelé, parlant de ce qui s’était passé sous la junte militaire du CNDD, dirigée à l’époque par le capitaine Moussa Dadis Camara.

Djènè Diaby, commissaire de la HAC

Pour sa part, la commissaire Djènè Diaby a tenu à rappeler comment, selon elle, Évasion a échappé de justesse à la fermeture. « Je félicite le président, parce qu’il a compris qu’on lui en veut. Donc, il ne suffit pas de dire que les gens de la présidence sont de Kankan, donc tout ce que tu feras, il n’y aura rien derrière. Ces gens sont prêts à tout pour conserver leur pouvoir. Et puis, le pouvoir, c’est comme ça, le pouvoir n’a pas d’amis, le pouvoir est avec ce qui l’arrange, ne dis pas que c’est mon parent, etc. Quand Évasion TV a compris que les gens étaient derrière eux, c’est de justesse qu’ils se sont tirés d’affaire. Quand Laye Mady (sobriquet attribué à Kankan au président de la transition, Mamadi Doumbouya) a compris qu’on lui en voulait, je ne sais pas celui qui l’a conseillé ; mais, il a compris, il a fait profil bas… moi-même je ne sais pas si Laye Mady est à Conakry, il s’est complètement effacé, c’est ce qui a sauvé Évasion », a-t-elle lancé, alternant les mots entre la langue locale (Maninkakan) et le français (langue officielle).

Enfin, s’adressant à certains journalistes qui disent ne pas relever du ministère de l’information et de la communication, Djènè Diaby estime que ces derniers ne connaissent juste pas la loi. « Ceux qui disent qu’ils ne relèvent pas du ministère de la communication, c’est parce que ces gens là ne savent pas. Si un journaliste me dit ça, je ne te ferais plus confiance, je dirais que tu ne connais pas ton boulot, si tu es venu couvrir la cérémonie, je te chasse, parce que tu ne sais pas. Donc, il y a certaines décisions que la HAC ne peut pas prendre sans le ministère de l’information et de la communication. Bien sûr que vous soyez des privés, mais vous relevez d’eux, tout autant que de la HAC aussi. Donc, il y a un système de monitoring qui est géré par tonton Fodé Bangaly Fofana (Point focal de la HAC à Kankan). Je sais qu’il y a des journalistes ici qui s’en foutent du ministère ; mais, si on nous remonte des informations, on va prendre et on ne demande pas. Tout ce qui se dit, sachez qu’il y a un système de monitoring à la radio rurale qui enregistre tout », a-t-elle insisté.

De Kankan, Abdoulaye N’koya SYLLA et Souleymane Kato Camara pour Guineematin.com

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