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La capitale guinéenne a abrité ce mercredi 18 juin 2025, l’ouverture officielle de la toute première Table ronde sur les Hydrocarbures. Un événement majeur organisé par le ministère de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures, à travers sa Direction nationale des hydrocarbures, et placé sous la présidence du Premier ministre, Amadou Oury Bah.
Des experts nationaux et internationaux se sont réunis pour trois jours de réflexions autour du thème : « Leçons du passé, ambitions pour demain : bâtir une vision partagée, durable et souveraine du secteur des hydrocarbures».
Dans son discours d’ouverture, le ministre des Mines et de la Géologie, Bouna Sylla, a salué cette première dans le secteur. « C’est un honneur de vous accueillir à cette première table ronde sur les hydrocarbures en Guinée. Votre forte mobilisation témoigne de l’intérêt porté au développement énergétique de notre pays », a-t-il déclaré.
Le ministre a rappelé les ambitions portées par la transition engagée depuis le 5 septembre 2021, sous l’impulsion du général Mamadi Doumbouya, notamment à travers le programme Simandou 2040, qui vise une exploitation durable et efficiente des ressources naturelles. Un constat sans détour s’est imposé : en cinquante ans, la Guinée n’a foré que trois puits pétroliers, contre plus de 300 au Sénégal. Un retard attribué à la priorité donnée au secteur minier et à l’absence prolongée de stratégie claire dans le domaine pétrolier.
Pourtant, le potentiel est bien là. La Guinée partage un bassin sédimentaire prometteur avec des pays voisins producteurs comme la Mauritanie, le Sénégal et la Gambie. Elle dispose déjà de 42 000 km² de données sismiques 2D et de 16 000 km² en 3D sur un bassin offshore de 93 000 km² encore largement inexploré.
Des défis urgents à relever
La destruction du dépôt pétrolier de Conakry en décembre 2023 a mis en lumière la fragilité du système actuel, notamment le déficit de stockage, alors que la consommation nationale atteint 3 000 m³ par jour. Le plan d’action 2025 du ministère s’articule autour de trois priorités :
L’augmentation de la capacité nationale de stockage ;
Le développement des infrastructures de transport des produits pétroliers ;
La promotion du gaz butane (GPL) comme combustible domestique propre.
L’objectif affiché est aussi de réduire la déforestation et de renforcer la sécurité énergétique via des énergies moins polluantes.
Le directeur général des Hydrocarbures, Abdoul Rahime Barry, a appelé à une vision collective : « Cette table ronde doit être un point d’inflexion », a-t-il martelé, plaidant pour « un modèle guinéen d’indépendance énergétique ». Il a également pointé plusieurs faiblesses : un secteur amont encore en phase d’exploration, un aval insuffisamment structuré, un cadre réglementaire perfectible et un usage encore limité du gaz domestique.
Le solaire comme levier stratégique
Dans son allocution, le Premier ministre Bah Oury a reconnu le retard accumulé par le pays dans le domaine des hydrocarbures, conséquence d’une dépendance prolongée à l’économie minière. Il a toutefois salué les récentes évolutions, notamment le développement des barrages hydroélectriques et l’adoption progressive de l’énergie solaire. « Atteindre 1,3 gigawatts d’énergie solaire d’ici 2026 pour répondre à la demande intérieure et permettre la transformation locale des matières premières, notamment la bauxite », a-t-il annoncé.
Il a également insisté sur l’urgence d’intensifier la prospection pétrolière afin de confirmer l’existence ou non de nappes exploitables.
La cérémonie a été marquée par un panel inaugural consacré à l’« exploration pétrolière : stratégies de relance ». Les experts ont dressé un bilan des campagnes sismiques passées, identifié des opportunités de retraitement des données géophysiques, et défini les pistes pour attirer de nouveaux investisseurs, aussi bien dans l’onshore que dans l’offshore.
Un consensus s’est dégagé : la Guinée doit capitaliser sur ses anciennes données en les croisant avec les nouvelles. « Sans forage, pas de découverte », ont-ils insisté, tout en soulignant l’importance cruciale de former des techniciens qualifiés.
En réunissant experts, autorités publiques, partenaires techniques et représentants de la société civile, cette table ronde marque un tournant décisif dans la politique énergétique nationale. Elle vise à déboucher sur une feuille de route claire, afin de faire des hydrocarbures un levier de développement économique et de souveraineté énergétique pour la Guinée.
L’article Hydrocarbures : une table ronde stratégique lancée à Conakry est apparu en premier sur Guinee360 - Actualité en Guinée, Politique, Économie, Sport.