Guinée : une cascade de scandales financiers secoue la gouvernance du CNRD

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La lutte contre « la mal gouvernance, le dysfonctionnement des institutions, l’instrumentalisation de la justice, le piètement des droits des citoyens, l’irrespect des principes, la gabegie financière, etc. » était le principal motif invoqué par colonel Mamadi Doumbouya pour justifier le coup d’État du 5 septembre 2021. A cet effet, une Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) est mise en place. L’ancien Premier ministre, Kassory Fofana, et l’ancien président de l’Assemblée nationale, Damaro Camara et plusieurs autres sont inculpés et détenus à la Maison centrale de Conakry. Autant qu’elle s’est érigée contre les anciens dignitaires, qu’elle est laxiste à poursuivre les malversations des autorités de la transition.

Des scandales retentissants ont jalonné là gestion du CNRD y compris au plus sommet de l’Etat impliquant des proches du président de la transition et parfois lui-même.

Vol d’argent à la Présidence

Le tout premier scandale du CNRD a été le vol à la Présidence lors du coup d’État qui n’a jamais été élucidé, et ce, en dépit de l’arrestation et le déferrement de plusieurs militaires dont le numéro 2 des Forces spéciales, commandant Aly Camara.

La non déclaration des biens des ministres

Alors qu’il avait promis une gestion transparente des deniers publics, colonel Mamadi Doumbouya et son équipe n’ont jamais déclaré leurs biens. La ministre de la Justice d’alors, Fatoumata Yarie Soumah, avait demandé en Conseil des ministres aux membres du gouvernement de s’acquitter de ce devoir républicain.

Cette ministre avait, par la suite, osé remettre à sa place le ministre Secrétaire général à la présidence, le général de brigade Amara Camara, qui avait convié le personnel judiciaire à une réunion à la présidence. S’étant sentie lésé dans ses prérogatives de ministre de la Justice, Mme Soumah s’est opposée, arguant être la seule habilitée à convier le personnel judiciaire en pareille circonstance. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Elle sera limogée 2 jours après.

La montre à 400 mille euros

En dépit de son engagement de lutter contre la corruption, le président de la transition a aussi affiché son goût du luxe. En janvier 2022, Africa Intelligence avait révélé que le colonel Mamadi Doumbouya s’est offert une montre de marque Richard Mill, référence 11-03 de plus de 400 mille euros. Cela avait fait sensation sur les réseaux sociaux. Ensuite, le mercredi 20 juillet, lors de la cérémonie inaugurale de la 78e session de l’Assemblée générale de l’ONU, le Colonel Mamadi Doumbouya est apparu avec une autre montre de marque Audermas Piguet dont le prix varie entre 32 mille et 90 mille euros soit plus de 900 millions de francs guinéens.

Six milliards pour la rénovation de la résidence du PM

Dans une note adressée au ministre de l’Economie, Moussa Cissé, le 1er décembre 2022, le Premier ministre, Bernard Goumou, a demandé l’autorisation de conclure un contrat de gré à gré d’une valeur de 6 milliards Gnf pour la rénovation de sa résidence. Les courriers ont fuité, le 3 septembre 2023, et provoqué une vague d’indignation. Plusieurs interrogations avaient été soulevées notamment sur “l’urgence” invoquée pour justifier l’usage du gré à gré et le coût des travaux.

Rénovation du siège du ministère des Télécom

Dans l’histoire de rénovation des ministères, celle-ci a retenu l’attention de plus d’un. Peu après le scandale sur la rénovation de la résidence du PM, le 12 septembre 2023, d’autres documents ont fuité faisant état de la rénovation du ministère des Postes, télécommunications et de l’économie numérique (MPTEN) dont le coût des travaux est estimé à 65 milliards Gnf. Le ministre Ousmane Gaoual Diallo, également porte-parole du gouvernement, est lui aussi soupçonné de malversations financières.

Un publireportage à 67 800 euros

Un scandale financier de plus de 630 millions de francs guinéens a éclaté en juin 2022. Il concernait la réalisation d’un publireportage sur la Guinée à publier dans le journal français Le Point et le montant a été payé à une agence de communication du nom de Universal Communication. « Le journal présentera les ambitions de la Guinée et du chef de l’État, ainsi que ses ambitions pour le développement économique de notre pays durant cette transition politique si importante pour la Guinée. Les bonnes relations entre la Guinée et la France seront également mises en valeurs, tant sur le plan économique que diplomatique”, avait écrit Dr Dansa Kouroum, président du CNT au DG de la Caisse nationale de sécurité sociale, en l’invitant à soutenir la démarche. C’est ce dernier qui a payé Universal Communication sur un compte bancaire situé à Andore, pays reconnu comme paradis fiscal.

Le SONAPGate

Alors qu’une crise de carburant frappe la Guinée suite à l’explosion du dépôt des hydrocarbures de Kaloum, le 18 décembre 2023, le directeur général de la Société nationale des pétroles (Sonap), Amadou Doumbouya, est accusé d’avoir acquis une villa de 1 million 380 mille USD, un an après sa nomination à la Sonap. La révélation a été faite par le journaliste français Thomas Dietrich.

Le ministère des Mines exige un don de 2 millions de dollars à une entreprise

Voici une autre histoire rocambolesque d’extorsion. Le conseiller économique et fiscal au ministère des Mines, Yagouba Kourouma, a réclamé à l’entreprise CIMAF (Ciment d’Afrique), au nom du ministre Moussa Magassouba, 2 millions Usd afin de permettre à l’administration de “donner une suite favorable” à une requête faite par celle-ci.

Une saignée financière de 21 milliards GNF

Un scandale financier a été révélé, mardi 26 septembre 2023, par le Conseil national de la transition (CNT) dirigé par Dr Dansa Kourouma. L’instance parlementaire a appelé cela “une saignée financière” de près de 21 milliards pour la location d’un seul bâtiment. La Cour des comptes et la Cour constitutionnelle (dissoute à la suite du Coup d’État du 5 septembre 2021) paient respectivement 823 443 598 GNF et 916 666 666 GNF par mois.

L’acquisition douteuse d’un aéronef

Colonel Mamadi Doumbouya a réceptionné un avion de modèle ERJ-145, fabriqué par le constructeur brésilien Embraer. Après la polémique, le ministre du Budget, Lanciné Condé, s’était défendu en ces termes : “C’est ni don, ni un prêt, mais une mise à disposition. (…) « Nous avons un pays (dont il se garde de dévoiler le nom, ndlr) qui souhaite être un partenaire stratégique de la Guinée. Il veut faire des investissements importants en Guinée dans le domaine minier et autres. En gage de bonne foi, il s’est engagé à mettre à la disposition de l’Etat guinéen une flotte qui peut aller jusqu’à 3 avions, gratuitement”.

Une nuance qui avait suscité plusieurs interrogations. Africa Intelligence avait, par la suite, révélé que l’appareil a été “mis à disposition” par un acteur minier qui “souhaite être un partenaire stratégique de la Guinée”.

Perte de 555 milliards Gnf

Au cours de l’examen de Loi de finances rectificative (LFR 2023), le CNT avait révélé une perte de 555 milliards Gnf destinés au Trésor public, entre janvier et août 2023. Cette perte est attribuée aux départements qui ont procédé à la collecte qui se seraient partagés ce montant.

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