Gratuité de la carte d’identité biométrique : « c’est une avancée à évaluer avec prudence », Abdoul Sacko, FFSG)

Si cette initiative semble s’inscrire dans une volonté de modernisation de l’état civil et de facilitation de l’accès aux documents officiels, elle suscite néanmoins des critiques, notamment de la part des acteurs de la société civile. Bien que salutaire, elle ne règle pas disent-lis, les difficultés profondes d’accès aux documents d’état civil.

Au nom de la coordinateur du Forum des Forces Sociales de Guinée, Abdoul Sacko, a indiqué que cette mesure est indéniablement une avancée à évaluer avec prudence, puisqu’elle ne règle pas les problèmes structurels liés à l’état civil en Guinée. « L’accès aux documents officiels reste un parcours du combattant pour de nombreux citoyens, en particulier ceux qui ne disposent pas d’acte de naissance, qui est le document fondamental ouvrant la voie à l’obtention d’une carte d’identité », affirme-t-il. En effet, sans acte de naissance, les citoyens doivent obtenir un jugement supplétif, un processus souvent long et coûteux.

Cet acteur de la société civile guinéenne, rappelle que le programme de modernisation de l’état civil, initié depuis 2018, avait déjà introduit des mesures pour faciliter l’enregistrement des naissances tardives via des audiences foraines. Toutefois, ces initiatives n’ont pas permis de résoudre complètement la problématique. « Nous avons encore des milliers d’enfants qui ne sont pas enregistrés à la naissance et qui, plus tard, rencontrent des obstacles pour obtenir des documents officiels », souligne Abdoul Sacko.

Si la gratuité de la carte d’identité constitue un soulagement pour de nombreux Guinéens, sa mise en œuvre reste une préoccupation majeure. Les précédents dysfonctionnements administratifs ont montré que les annonces officielles ne se traduisent pas toujours par une application efficace sur le terrain. « Même avec les frais de 100.000 GNF que les citoyens payaient auparavant, obtenir une carte d’identité relevait déjà du parcours du combattant. Aujourd’hui, nous devons nous assurer que la gratuité ne devienne pas un prétexte pour rendre encore plus compliqué l’accès à ce document », prévient l’activiste.

Le décret présidentiel précise que les modalités d’application de cette mesure seront définies par un arrêté conjoint des ministères concernés. Or, les observateurs attendent de voir si cet arrêté viendra réellement simplifier l’accès à la carte nationale d’identité ou s’il entraînera de nouvelles complications bureaucratiques.

Un besoin de réformes plus globales

Sacko insiste sur la nécessité d’une approche plus globale pour garantir un accès effectif aux documents d’état civil. « L’État aurait dû commencer par la gratuité des actes de naissance, car sans ce document, on ne peut ni obtenir une carte d’identité ni prétendre à d’autres droits fondamentaux », martèle Abdoul Sacko.

En plus des questions d’Etat civil soulevée par l’activiste, l’aspect décentralisation des services administratifs reste cruciale selon lui. En zones rurales poursuit-il, de nombreux citoyens parcourent de longues distances pour accéder aux services d’état civil, une contrainte qui ne sera pas résolue estime cet observateur, par la simple gratuité de la carte d’identité.