Gestion de l’incendie du dépôt pétrolier : le regard avisé un spécialiste

il y a 10 mois 159
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Le plus difficile est-il derrière nous après « l’intervention » et «la stabilisation » de la situation consécutive à l’incendie du principal dépôt des hydrocarbures de Conakry ? Rien n’est moins sûr. Le retour à la vie normale sur lequel le comité de crise élargi à d’autres départements sectoriels ne s’annonce pas aisé. Même si on peut estimer en bonne voie.

En effet, les quelques actes déjà posés pour doter le pays en carburant, tel que l’annonçait le Directeur Général de l’ONAP lors de la première réunion élargie vendredi dernier font partie de ce qu’il faut. En témoigne cette note technique qu’un spécialiste sollicité sur le sujet a accepté de nous partager, bien que requérant l’anonymat.

Notre source qui requiert l’anonymat a une solide expérience dans le secteur. En tant que tel, il se penche sur le sujet par ordre de priorité, avec des recommandations à l’appui.

Pour «la réouverture du Dépôt SGP de Coronthie », notre spécialiste est dans la même logique que ce qui est déjà fait, au moins en partie. Il faut « faire une évaluation de l’intégrité de la conduite de dépotage qui quitte l’appontement pétrolier de SGP Kaloum pour le dépôt de Coronthie », recommande-t-il. Et d’expliquer : « ceci, c’est pour s’assurer qu’on peut recevoir des bateaux de Gasoil et de Mazout (HFO) pour réduire d’une part la dépendance en Gasoil à partir des pays limitrophes et continuer l’approvisionnement en Mazout pour EDG, les sociétés minières et certaines industries locales… »

Pour la suite, conseille-t-il, « dans les prochains mois, envisager la conversion d’un BAC de Gasoil en Essence au dépôt de Coronthie. Pour réduire la dépendance du pays en essence ». Et de préciser : « ce stockage essence pourrait servir essentiellement le « GRAND CONAKRY »

Dans la même lancée, toujours selon notre source, « l’utilisation des BACS de CBG pour l’approvisionnement en Mazout et alternativement en Gasoil pourra réduire la contrainte de disponibilité sur ces deux produits ». Sans oublier « …de noter que l’appontement pétrolier de CBG ne peut recevoir de gros TANKERS de carburants à cause de la profondeur de sa jetée ». Raison pour laquelle, notre spécialiste préconise : « …d’utiliser des bateaux moyens mais en rapprochant les délais d’approvisionnement ».

Attention à «ne pas oublier des acteurs importants de l’économie Guinéenne »

Si notre source est d’accord « que la priorité soit donnée à EDG (Electricité De Guinée) pour l’approvisionnement en Mazout (HFO) », d’autres pans de l’économie nationales méritent de retenir l’attention des autorités et autres partenaires. « N’oublions pas que les compagnies minières que sont : la SAG, la SMD, Rusal Friguia (dont le dépôt au port aussi a été touché) utilisent aussi le Mazout pour la production de l’électricité », alerte le spécialiste.

« En cas d’arrêt de leurs centrales électriques, il y a un risque d’arrêt de certains équipements de la production d’or par exemple… Ces types d’arrêt peuvent coûter des millions de dollars aux sociétés » (…).

Même préoccupation pour d’autres industries locales qui utilisent la même source d’énergie.  « En cas de manque de mazout, elles risquent d’être à l’arrêt avec un effet immédiat d’augmentation du prix des produits comme le fer sur le marché », rappelle-t-il. Et de noter : «la plupart des cimenteries, des sociétés qui sont dans la construction ont besoin de Gasoil ».

De « l’Approvisionnement de l’Essence à travers les pays limitrophes »

Sur cette mesure dont l’annonce a été plus qu’un ouf de soulagement, notre spécialiste, part du principe que « le Triangle Essence GN224 » consisterait à approvisionner le Grand Conakry plus Kindia, Fria, Boffa et Boké à travers la Sierra Leone ; La Moyenne Guinée plus Koundara, Gaoual à travers le Sénégal. Quant à la Forêt et la Haute Guinée à travers la Côte d’Ivoire où les discussions sont en cours avec les gouvernements pour un volume mensuel de 50 millions de litres d’essence à travers le dépôt de Yamoussoukro ». Avant de suggérer : « …que les dépôts secondaires de SGP Kankan et N’Zérékoré malgré leurs faibles capacités, pourront servir pour un petit stock de sécurité pour les urgences (Hôpitaux, Protection Civile, Services de sécurité, etc…) ».

Durée de la période de contingence

Toujours au chapitre de la gestion de la crise, l’expert se pose la question de savoir « pour combien de temps va durer cette période de contingence avec un approvisionnement à travers les pays voisins ? ». Puis, de prévenir : « cette dépendance pourrait prendre 18 à 24 mois ». Rappelant de passage qu’« à ce jour, à part le dépôt de SGP Coronthie, la Guinée ne dispose pas d’installation de stockage primaire pour le carburant pouvant couvrir les besoins du pays ».

Solution à long terme

A) Pendant que la gestion de la crise actuelle focalise les attentions, notre source propose que le travail actuel se fasse en se projetant sur l’avenir.  Concrètement, « la solution durable est de construire un dépôt de carburants sur le site identifié à Moribayah, dans Forécariah, où il y a une très bonne jetée permettant de recevoir de GROS TANKERS », suggère-t-il. Puis, d’expliquer : « ceci, pour permettre au pays d’avoir une très bonne autonomie en termes de stock, limiter les trafics de camions dans la capitale Conakry et dans le long terme, pouvoir approvisionner certaines zones de l’intérieur du pays en utilisant la ligne de chemins de fer prévue dans le cadre du projet Simandou ».

Pour réussir ce pari, « la SONAP, les ministères de l’Energie et des Finances devraient adopter une approche plus inclusive en associant des investisseurs, les Marketeurs, des privés guinéens, etc. », conseille l’expert.

Sans oublier de faire le nécessaire pour l’accélération des travaux de construction du dépôt pétrolier de 112 millions de litres de capacité à Kodiaran, dans Mandiana. Bien qu’il s’agisse-là « d’un stockage secondaire de sécurité », parce que «ne pouvant pas recevoir de TANKER », relève le spécialiste.

Une recommandation particulièrement importante, parce que ce projet dont la pose de la 1ère pierre avait suscité de l’espoir n’évoluerait presque pas. Alors qu’initialement, l’opérationnalisation dudit dépôt est prévue pour le dernier trimestre de 2025, au plus tard.

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