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Au cœur du Rio Pongo, sur le site historique de Farenghia, un simple feuillet épinglé sur un poteau est en train de réécrire l’histoire locale. Le document, un portrait imprimé en noir et blanc, est légendé de manière percutante : « La Reine NYARA Bély de Farenya Boffa », avec les dates gravées dans la mémoire : 1790 – 1879.
Cette « découverte » soulève une question fondamentale pour les historiens et les passionnés de patrimoine : avons-nous enfin mis un visage sur l’une des femmes d’affaires les plus puissantes, les plus redoutées et les plus légendaires de l’Afrique de l’Ouest au XIXe siècle ?
L’énigme d’une image et la quête d’authenticité
L’image, capturée par notre reporter à Farenghia, montre un portrait de style ancien, représentant une femme africaine souriante, coiffée d’un foulard et portant un collier massif. L’atmosphère est à la fois sereine et digne, mais l’authenticité de cette photographie reste, pour l’heure, une énigme majeure.
Niara Bely, ou Elizabeth Bailey Gomez, est décédée en 1879. Si la photographie existait bien à cette époque, elle serait l’un des rares clichés d’une dirigeante luso-africaine du XIXe siècle. Cependant, la qualité et le cadrage pourraient aussi suggérer une image iconique plus récente, peut-être tirée d’un fonds d’archives non encore identifié ou, dans le pire des cas, une représentation artistique ou symbolique qui a été popularisée localement comme étant le « vrai » portrait de la Reine.
La tâche est désormais lancée pour les chercheurs : retracer l’origine de cette image. Est-ce le résultat d’une tradition orale qui a finalement trouvé une illustration pour matérialiser la figure de la Reine ?
Niara Bely : La souveraine au destin hors du commun
Quel que soit le statut de ce portrait, il braque les projecteurs sur la vie fascinante de Niara Bely. Fille d’Emmanuel Gomez, dirigeant luso-africain de Bakia, et éduquée à Liverpool, elle était une femme qui jonglait entre deux mondes : les traditions locales et l’influence européenne.
Après la perte de son mari, le marchand d’esclaves Louis Lightbourn, elle a pris les rênes de son immense empire commercial. Farenghia, le lieu de la « découverte », était son principal poste de traite et sa résidence. C’était un carrefour commercial stratégique où transitaient l’ivoire, l’or, les peaux, mais aussi les esclaves, acheminés depuis les hauts plateaux du Fouta Djallon.
Connue pour sa bravoure et son intelligence politique, elle a régné sur sa zone d’influence pendant des décennies, se battant contre les autorités coloniales qui tentaient de mettre fin à la traite.
Aujourd’hui, Niara Bely est perçue en Guinée à la fois comme une figure de l’exploitation esclavagiste et comme une amazone puissante qui a su s’imposer dans un monde dominé par les hommes, préservant l’autonomie de son territoire.
Un appel à la mémoire et à la recherche
Ce portrait affiché à Farenghia, qu’il soit authentique ou non, témoigne de la persistance de la mémoire de Niara Bely. Il invite à une plongée nécessaire dans l’histoire souvent méconnue du Rio Pongo, une région clé dans les échanges transatlantiques.
L’enjeu va au-delà de la simple vérification iconographique. Il s’agit de sauvegarder et de comprendre les vestiges matériels de ces puissances africaines du XIXe siècle. En attendant la validation historique, cette photo, si elle n’est pas son visage, est sans aucun doute l’image que les populations locales ont choisi d’associer à la « Reine de Farenghia », perpétuant ainsi sa légende pour les générations futures.
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