Espagne : le gouvernement souhaite régulariser 500.000 migrants

il y a 2 jours 26
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À contre-courant en Europe, l’Espagne tend la main aux immigrés. Le gouvernement socialiste reprend à son compte une proposition de loi d’initiative citoyenne et inscrit à l’ordre du jour un texte qui prévoit la régularisation de 500.000 migrants. C’est unique en Europe et cela interpelle.

Toutes les personnes en situation irrégulière présentes en Espagne avant le 31 décembre dernier devraient être régularisées. Les antécédents judiciaires seront pris en compte. D’autres critères, encore en discussion au Parlement, pourraient être ajoutés, mais le gouvernement souhaite que la mesure bénéficie au plus grand nombre de personne. La loi devrait être votée d’ici septembre, pour une application avant la fin de l’année.

Cela fait un an que cette régularisation massive est débattue en Espagne. Au départ, c’est un projet qui vient de la société civile. Une proposition de loi citoyenne a récolté l’année dernière plus de 800.000 signatures.

Sans immigrés, l’économie, ça ne marche pas

Quelles sont les raisons qui poussent l’Espagne à s’ouvrir ainsi à l’immigration ? La gauche au pouvoir a toujours été plus ouverte sur ces sujets. C’est une question de générosité, dit-on à la gauche de la gauche. Mais, en réalité, cette politique est surtout guidée par des considérations économiques.

L’Espagne, l’un des pays les plus vieillissants d’Europe, a besoin d’immigrés pour faire fonctionner son économie et pour financer son système de retraite, explique le sénateur socialiste Gabriel Colomé, proche du Premier ministre Pedro Sanchez.

Image d'archives

« Tous les démographes disent que l’Espagne (et l’Europe) aura besoin de migration pour maintenir l’État-providence. C’est-à-dire que, sans immigrés, l’économie, ça ne marche pas […] au lieu d’entrer dans la logique d’extrême droite de l’Union européenne qui veut mettre en question l’immigration, l’Espagne fait tout à fait le contraire. Il y a un autre modèle qui n’est pas le modèle de la restriction. C’est le modèle de l’intégration. »

L’économie espagnole dépend donc de l’immigration ?

L’Espagne enregistre une croissance économique record, dopée par le tourisme. Ce secteur a besoin de mains d’œuvre.

Dans l’hôtellerie et la restauration, la grande majorité des employés sont des personnes issues de l’immigration, pour la plupart originaires d’Amérique Latine. Mais c’est un secteur qui a du mal à recruter, tout comme la construction ou les services à la personne.

Résultat : le patronat est favorable à ce plan de régularisation massif et les syndicats aussi.

Cela doit toujours se faire dans le respect de la dignité humaine

Image d'archives (09/2024) : Entretien avec le président de la Conférence épiscopale espagnole (cee), Luis Arguello.

Un autre acteur majeur de la société en Espagne se range du côté des immigrés : c’est l’Église catholique. « La Conférence (épiscopale) a toujours reconnu à l’État de droit de réguler les flux migratoires et de combattre les mafias« , assure le président de la Conférence épiscopale, l’archevêque Luis Arguello.

Il ajoute que « cela doit toujours se faire dans le respect de la dignité humaine. C’est ce qui nous pousse à aborder la situation de ceux qui vivent déjà dans notre pays. Face à ces milliers de personnes, et notamment ces enfants, ces femmes et ces travailleurs, que doit-on faire ? Les expulser ? Ou aborder la manière de régulariser leur situation ? »

La position de la droite sur la politique migratoire

Si l’on compare les positions sur la politique migratoire des conservateurs espagnols avec leurs homologues européens, on peut dire que les premiers sont beaucoup plus ouverts sur ce sujet. Ils ne sont pas farouchement hostiles à l’immigration et s’ils critiquent le projet de régularisation, ils ne se sont pas encore prononcés sur le sens de leur vote.

« Au Parti populaire, on mise sur une immigration ordonnée et régulée, en lien avec le marché du travail, car l’Espagne en a besoin. Mais nous sommes contre l’immigration illégale celle qui risque de se développer à cause du gouvernement espagnol qui provoque un appel d’air« , détaille Miguel Tellado, le porte-parole du Parti populaire (PP).

À l’extrême droite, le discours est beaucoup moins ambigu. La troisième force du pays refuse toute régularisation. En Espagne, les discours hostiles à l’immigration ont peut-être moins d’adeptes qu’en Italie ou en France, mais ils gagnent de l’audience.

Pendant longtemps, l’Espagne a été une terre d’émigration. On quittait le pays pour aller travailler en France, en Belgique ou en Allemagne. Plus avant dans le passé, on émigrait vers les Amériques. L’immigration a donc toujours été plutôt bien acceptée. Aujourd’hui, ce n’est plus aussi évident. Sans être omniprésent dans le débat public, c’est un sujet qui préoccupe alors que les arrivées illégales de migrants aux îles Canaries se multiplient.

Notons encore que la croissance démographique de l’Espagne représente un défi logistique pour le pays. Le plus gros problème concerne le logement : l’Espagne n’a pas assez construit. Il est très difficile de trouver un appartement. Et puis, les infrastructures ne suivent pas forcément avec des transports en commun sous-dimensionnés et donc très souvent saturés.

rtbf

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