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Situé à Bawa dans la préfecture de Dubréka, le groupe Sol Ciment a reçu la visite d’une mission conjointe du Centre National de Protection du Milieu Marin et de la Gendarmerie Environnementale ce mardi 28 novembre 2023. Loin d’être une visite de courtoisie, ce déplacement fait suite à une dénonciation concernant les agissements néfastes de cette entreprise chinoise sur l’environnement.
À plus de 10 kilomètres de la route nationale, l’entreprise Sol Ciment a érigé un port fluvial. Sur les lieux, près de 7 hectares de mangrove ont été détruits et une importante partie du bras de mer repoussée par des remblais, laissant ainsi la zone exposée au soleil, à la chaleur et à une dégradation poussée du sol. Des barges, des pièces lourdes, des bois abattus, tout un ensemble défavorable à l’environnement est réuni sur ce site. Visiblement irrité, le directeur général du Centre National de Protection du Milieu Marin et Routier dit trouver le constat amer après sa visite.
« Nous avons constaté qu’il y a effectivement une occupation de l’entreprise Sol Ciment qui est en train d’installer un quai d’approvisionnement de clinkers. Des barges pour le transbordement sont déposées, et cela a provoqué une certaine dégradation. Il y a même des sédiments qui sont visibles à ciel ouvert. Les constats sont quand même amers« , déplore Lamayo Camara, directeur général de la protection du milieu marin et routier.
En attendant de réunir la documentation et de remonter le constat à la hiérarchie, la mesure immédiate qui s’impose est l’arrêt des travaux. Jusqu’à ce que la décision soit prise par l’autorité ministérielle, le directeur du milieu marin rassure que des éléments sont sur le terrain et qu’un suivi régulier sera fait pour éviter que les travaux reprennent. Car, dit-il, « nous avons un code dédié à cet effet. Si une occupation de ce genre se mène sur un site, contrairement aux articles de ce code, il y a des sanctions qui sont prévues à cet égard. Mais, pour l’instant, tout ce que nous pouvons faire, c’est de faire le constat et regrouper toute la documentation pour remonter au niveau de la hiérarchie. C’est au cabinet de décider quoi faire« .
Au moment où la mission arrivait, près d’une cinquantaine de travailleurs, dont des soudeurs, exerçaient sur le site. Selon ces employés, l’entreprise Sol Ciment agit sur ce site depuis près d’une année maintenant. Les travailleurs sont employés pour assembler les barges, dont certaines sont encore stationnées sur le site. « On nous a dit que ce sont des bateaux que nous sommes en train de confectionner ici. Et les matériaux sont venus en deux catégories. Il y en a qu’ils commencent le montage depuis l’extérieur et ils envoient pour la finition, et il y a d’autres qui viennent en pièces détachées. C’est nous qui faisons l’assemblage« , a confié Conté Ibrahim, soudeur sur le site depuis six mois.
Bien que ces travailleurs soient conscients et témoins de la dégradation de la nature sur ce site, ils se plaignent plutôt des conditions de travail « inhumaines » imposées par leurs patrons.
Après le constat sur le port fluvial, la mission conjointe s’est rendue dans les locaux de l’usine de production du ciment. L’objectif, selon le chef de mission, était d’obtenir les documents des études environnementales sur le port fluvial.
Toutefois, les tentatives sont restées vaines. La représentante trouvée sur place a indiqué que ces documents se trouvent à Conakry. Après quelques échanges, la mission s’est retournée à Conakry pour, dit-elle, rencontrer le représentant avec elle peut avoir les documents.
Il faut noter que l’entreprise Sol Ciment est spécialisée dans la production et la commercialisation du ciment depuis plusieurs années en Guinée. Ce port fluvial s’inscrit dans le cadre de l’extension de l’entreprise, autorisée par les autorités guinéennes. Il s’agit notamment de l’usine, de la route et du port.
Cependant, il reste à savoir si des études d’impact environnemental ont été menées ou si elles ont été prises en compte dans la construction de ce port fluvial.