A l’occasion de la première journée des éliminatoires de la CAN 2025, Emerse Faé a encore démontré sa capacité à prendre des décisions décisives en menant la Côte d’Ivoire à une victoire 2-0 contre la Zambie, grâce au doublé du remplaçant Jean-Philippe Krasso. Alors que Faé continue de briller, une polémique prend de l’ampleur.

En 2024, Emerse Faé a marqué l’histoire du football africain en guidant la Côte d’Ivoire vers la victoire lors de la Coupe d’Afrique des Nations. Pourtant, cette victoire n’était pas prédestinée. Les Éléphants étaient à deux doigts de l’élimination lors des phases de groupes, et leur sélectionneur initial, Jean-Louis Gasset, avait été limogé en pleine compétition. Faé, appelé à prendre les commandes dès les huitièmes de finale, a métamorphosé l’équipe. Sous sa direction, les Ivoiriens ont écarté des adversaires redoutables tels que le Sénégal, champion d’Afrique en titre, avant de battre le Nigéria en finale.

Cette victoire était d’autant plus significative que la Côte d’Ivoire n’avait pas remporté la CAN depuis 2015. Pourtant, malgré cet exploit, Faé ne figure pas parmi les nominés pour le titre de meilleur entraîneur de l’année 2024, une absence qui soulève de nombreuses interrogations, en particulier en Afrique.

L’oubli persistant du football africain dans la course aux honneurs

Le Ballon d’Or est une vitrine où se retrouvent les performances les plus éclatantes de l’année. Lionel Scaloni, qui a mené l’Argentine à la victoire en Copa America, ainsi que Luis De la Fuente, vainqueur de l’Euro avec l’Espagne, figurent parmi les nominés. Cependant, l’absence d’Emerse Faé, vainqueur de la CAN, suscite l’indignation. Pourquoi France Football choisit-elle de célébrer les entraîneurs européens et sud-américains, tout en omettant une compétition aussi prestigieuse que la CAN, qui, selon certains observateurs, a surpassé l’Euro et la Copa America en termes de spectacle et d’émotions ?

Cette situation reflète un manque de reconnaissance chronique pour le football africain sur la scène internationale. Seul Ademola Lookman, du Nigéria, figure parmi les nominés pour le Ballon d’Or 2024, un constat qui alimente encore davantage le débat sur la sous-représentation du continent africain dans les grandes récompenses.

L’histoire récente regorge d’exemples d’entraîneurs africains fragilisés pour les plus hautes distinctions. Walid Regragui, qui a mené le Maroc aux demi-finales historiques de la Coupe du Monde 2022, et Djamel Belmadi, vainqueur de la CAN 2019 avec l’Algérie, ont eux aussi été ignorés par le passé. Malgré leurs accomplissements notables, ces techniciens n’ont pas reçu la reconnaissance internationale qu’ils méritaient.  Faé rejoint donc cette liste d’entraîneurs africains sous-évalués, malgré des performances remarquables.

Un biais en faveur de l’Europe et des critères opaques

Le manque de visibilité des compétitions africaines par rapport aux ligues européennes pourrait expliquer cette disparité. Sur les six nominés pour le titre de meilleur entraîneur de l’année 2024, Lionel Scaloni est le seul à ne pas travailler en Europe.

Les critères de sélection pour ce type de récompenses manquent également de clarté. Si la victoire dans une compétition majeure est évidemment un facteur déterminant, d’autres aspects, tels que le style de jeu ou l’impact médiatique, entrent en ligne de compte. Cependant, ces critères semblent désavantager les entraîneurs africains, dont les réussites ne sont pas suffisamment valorisées.

Dans le cas d’Emerse Faé, son absence parmi les nominés pourrait s’expliquer par le nombre limité de matchs qu’il a dirigés lors de la CAN 2023, seulement quatre rencontres en tant qu’entraîneur principal. Pourtant, la situation exceptionnelle dans laquelle il a pris les commandes et le triomphe qui a suivi devraient suffire à lui accorder une reconnaissance bien plus grande.

La polémique autour de l’absence d’Emerse Faé parmi les nominés pour le Ballon d’Or 2024 souligne une fois de plus le manque de reconnaissance des techniciens africains. Ces absences répétées montrent que, malgré des performances exceptionnelles, les entraîneurs du continent peinent à obtenir la reconnaissance qu’ils méritent sur la scène internationale. Il est peut-être temps pour les grandes instances du football de réévaluer leurs critères de sélection et de s’assurer que tous les exploits, quelle que soit leur origine, reçoivent la reconnaissance qu’ils méritent.

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