Déguerpissements : l’État lance la reparation pour 2 600 victimes, 600 titres fonciers déjà délivrés

Plus de 2 600 victimes des déguerpissements survenus entre 1993 et 2018 à Kaporo Rails, Kipé 2 et Dimess entrent, ce jeudi 27 novembre 2025, dans une phase concrète de réparation. À Kipé, 600 anciens habitants du secteur 4, situé derrière la RTG Koloma, ont reçu leurs premiers titres fonciers individuels, marquant une étape majeure dans un dossier qui a profondément marqué l’histoire urbaine de Conakry.

Cette cérémonie solennelle, présidée par le Premier ministre Amadou Oury Bah, a réuni autorités, victimes et acteurs institutionnels autour d’un même symbole : celui d’une reconnaissance officielle des préjudices subis pendant plus de trois décennies.

Au nom du collectif, Mamadou Samba Sow a salué ce pas crucial vers la restitution et la justice : « C’est une étape importante qui est franchie. Mais beaucoup reste encore à faire dans ce dossier. Plus de 2 000 autres familles attendent la régularisation de leurs dossiers par le ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat. »

« Monsieur le ministre Mory Condé a pris des engagements fermes pour la poursuite du processus. Il a instruit les services compétents de reprendre les appels dès demain vendredi, dans le but de terminer l’établissement des titres fonciers restants au plus tard le 2 janvier 2026 », a-t-il ajouté.

Concernant les prochaines étapes, il précise : « Les prochaines étapes sont les suivantes : la poursuite de l’aménagement alloué aux victimes ; la compensation financière de l’ensemble des personnes affectées. »

Le collectif a également exprimé sa gratitude au Président de la République : « Entre le président Doumbouya et les victimes que nous sommes, il y a désormais un pacte. Un pacte non écrit, symbole de notre reconnaissance à un homme qui a décidé de réconcilier les populations de Kaporo Rails avec l’État. »

De son côté, le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, Mory Condé, a insisté sur la volonté politique du Président, qui guide ce processus : « Cet homme est un homme de parole. Cet homme tient à la justice. Dès les premières heures, il a annoncé que la justice sera la boussole de sa gouvernance. Les trois axes de gouvernance qu’il a présentés au peuple de Guinée, c’est l’axe social que nous sommes en train de réaliser à travers ces moments de remise de titres fonciers individuels aux membres du collectif. »

Il a aussi donné des assurances quant à la suite : « L’activité ne s’arrêtera pas là. L’ensemble des 2 600 familles victimes seront rétablies intégralement dans leurs droits. C’est cela l’engagement pris par le chef de l’État, et cet engagement, nous avons l’obligation de le matérialiser. »

Présidant la cérémonie, le Premier ministre Amadou Oury Bah a parlé d’un moment fort dans la dynamique de réconciliation nationale : « Aujourd’hui, c’est un grand jour pour l’État guinéen, qui montre que l’État du renouveau, l’État de la refondation, est fortement engagé — conformément aux Assises nationales de 2022 — à aller jusqu’au bout dans la dynamique de réconciliation nationale. »

Il a également rendu hommage aux victimes : « Cela fera date, parce que je sais que beaucoup parmi vous ont souffert pendant des années. Je pense à ceux dont les familles ont été complètement disloquées, à des générations de jeunes qui se sont retrouvés sans foyers et qui ont été obligés de survivre. »

Enfin, il a rappelé la dimension symbolique de la démarche : « On ne peut pas réparer totalement les dégâts que vous avez subis, pour ceux qui sont vivants aujourd’hui comme pour ceux qui ne le sont plus. En guise de compensation modeste, ce n’est qu’un geste symbolique pour dire qu’il faut tourner le regard vers le futur. »

Mayi Cissé

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