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L’année 2023 n’a pas été un long fleuve tranquille mais plutôt une année tumultueuse pour les médias guinéens, confrontés à de nombreux problèmes tels que les convocations à la Haute Autorité de la Communication, les suspensions de journalistes, les coupures des sites d’information, l’enlèvement d’émetteurs, le brouillage des ondes et le retrait des médias sur les bouquets Canal et Startimes. Ils traversent présentement l’une de leur période la plus sombre des ces dernières décennies. Le pouvoir de la transition a manifesté une hostilité envers certains médias jugés très critiques à son égard.
Les sites Internet, premières victimes du régime
Après la prise du pouvoir par l’Armée en septembre 2021, la presse a été l’un des « bras droits » de la junte, accompagnant le Conseil national pour le rassemblement et le développement (Cnrd). Elle avait salué l’arrivée d’une équipe porteuse d’espoirs dans un pays où les oppositions politiques étaient devenues fratricides et avaient conduit le pays vers le chaos.
Cependant, dans la deuxième année de son exercice, des responsables du Cnrd, (agissant au nom de qui et pour quelle raison), ont pris la presse pour cible. Ainsi, ils ont bloqué l’accès aux sites Internet pendant plusieurs jours, entraînant une baisse de leurs audiences et de leurs chiffres d’affaires. La presse s’est levée comme un seul homme pour dénoncer ces atteintes à la liberté d’opinion et d’expression, jamais connues depuis plusieurs décennies.
Des rencontres entre les organisations professionnelles de la presse et le syndicat de la presse guinéenne ont dénoncé les restrictions auxquelles les médias ont été confrontés. Réunis le 22 mai 2023 à la Maison de la presse, ils ont menacé d’investir les rues à travers une marche et de boycotter « toutes les actions du gouvernement ». À l’issue de cette rencontre, ils ont publié une déclaration commune comportant six revendications, dont la désignation du ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, Ousmane Gaoual, comme « ennemi de la presse. » Cette mesure a été suivie du boycott de toutes les activités du gouvernement, du boycott de la Semaine Nationale des Métiers de l’Information et de la Communication (SENAMIC), etc.
Après de nombreuses négociations de l’implication personnelle de la ministre de l’Information et de la Communication, les restrictions sur les médias ont été levées, au grand bonheur des administrateurs des sites et de l’opinion publique privée de la bonne information. Cependant, même si les restrictions des sites ont été levées, Guineematin sera dans le collimateur des autorités de la transition, qui ont limité son accès en Guinée. Malgré toutes les tentatives et le battage médiatique autour de cette affaire, il a fallu attendre la marche pacifique du syndicat de la presse, soldée par de nombreuses arrestations dans le rang des journalistes, pour que cette restriction soit levée.
Brouillages des ondes et retrait des radios et télévisions des bouquets CANAL et StarTimes
Le pic des restrictions des médias en Guinée a été atteint dans la troisième semaine du mois de novembre. Les ondes des médias de grande écoute ont été brouillées, suivies de leur retrait dans les bouquets Canal et Startimes. La Haute Autorité de la Communication, vue comme un bouc-émissaire par certains, a ordonné dans une correspondance adressée aux deux bouquets cités ci-haut d’arrêter les programmes des médias « dès réception » de sa lettre. Les responsables de ces médias ont protesté contre le sort qui leur était imposé, n’ayant pas été informés préalablement.
Une réunion de crise regroupant les principales organisations professionnelles de la presse s’est tenue à la Maison de la presse. À la suite de cette rencontre, de nombreuses mesures ont été prises, notamment la désignation du ministre des postes, des télécommunications, le directeur de l’ARPT et son adjoint, le président du Conseil d’administration, comme des « ennemis de la presse ».
Cependant, constatant le durcissement du ton, les responsables des médias ont décidé de dialoguer avec le pouvoir en place pour trouver une issue heureuse dans ce bras de fer. Malheureusement, jusqu’au moment où nous écrivons ces lignes, les médias Fim, Evasion, Djoma et Espace Fm sont toujours inaccessibles en Guinée. Il est dommage d’en être arrivé à ce niveau au 21e siècle.
Pourquoi l’Etat restreint-il ces médias de grande écoute ?
Dans un pays en perpétuelle crise, l’Etat a décidé de mettre au pas ces médias. Dans la correspondance de la HAC adressée aux bouquets de diffusion, on évoque « la sécurité d’Etat. » De ce fait, il est aujourd’hui très difficile pour ces médias étranglés de vivre longtemps dans cette situation. Aujourd’hui, l’une des voix de recours pour sortir les médias de ce goulot d’étranglement, ce sont les religieux et autres personnes de bonne volonté.
En conclusion, il faut dire que les médias guinéens, avec cette allure, risquent de disparaître du paysage médiatique africain. Faute de fonctionnement, ces entreprises qui emploient des milliers de jeunes risquent de fermer leurs portes, car elles ne seront pas capables d’assurer le salaire de leur personnel. Il est temps de s’asseoir autour de la table pour trouver une solution à cette crise qui affecte dangereusement le fonctionnement des médias.