De par le passé, nous sommes évertués à exprimer un besoin pressant face à l’obtention du financement de la part de la BID, de voir un rêve d’une très longue date se réaliser. Aujourd’hui, avec la récente pause de la première pierre en vue du lancement des travaux ainsi que les différents discours prononcés sur le sujet notamment l’engagement des chinois à réaliser l’ouvrage dans le délai impartis, laisse entrevoir une lueur d’espoir pour les populations bénéficiaires. Il convient toutefois de souligner que la réalisation d’un tel ouvrage répond à des besoins de désenclavement mais aussi, au respect des engagements tenus par la Guinée dans le cadre du projet d’infrastructures régionales afin de faciliter les échanges commerciaux entre la Guinée et la sous-région ouest-africaine.
A titre de rappel, cette route dont le coût total s’établi à 160,76 millions d’euros (dont 1,2 millions d’euros supportés par l’Etat guinéen soit 0,7%), aura un impact positif notamment sur les services de transports. De plus, le développement économique tant rêvé rime avec des routes fiables et accessibles à tous les utilisateurs sans ambiguïté, gage de succès de toutes les activités qui sont amenées à être entreprises dans le pays. L’isolement, voire, la marginalisation des populations ne profitent point à un État soucieux de l’atteinte de ces prévisions en matière de croissance économique.
De plus, les recettes douanières qui seront perçues sur cette route ne seront pas des moindres car elles permettront à la Région Administrative de Labé d’accroître sa capacité de collecte des droits de douanes à l’image de Koundara qui relève de Boké. De plus, ce tronçon fait moins de 230 Km et cela jusqu’à Kédougou (frontière avec le Sénégal) contrairement à Labé-Koundara qui fait à minima les 250 Km (avec 25 km non bitumés mais dont les travaux sont en cours). De plus, cette route est un véritable raccourci pour les usagers qui l’empruntent rarement à ce jour en raison de son mauvais état.
Autre fait marquant, c’est l’identification d’une zone minière à Lébékéren. De plus, Mali dans sa globalité est spécialisée dans l’agriculture notamment la production de la pomme de terre dont l’essentiel est dirigé de nos jours vers le Sénégal car, plus proche que Labé en raison du caractère non praticable de la route (en moyenne 5h pour 80 km). A cela s’ajoutent plusieurs autres points annexés notamment Yembering et Gaya qui pratiquent énormément l’agriculture en plus de l’élevage. De plus, le bitumage de cette route aura un effet d’attraction des populations guinéennes vivant au Sénégal à travers les conditions climatiques très favorables. Tout ceci peut entraîner le développement du tourisme mais aussi la construction d’hôtels de qualité pour accueillir les éventuels visiteurs.
Nos échanges avec des citoyens qui pratiquent parfois cette zone ont démontré qu’un commerçant qui importe ne serait-ce que du lait du Sénégal supporte moins de charges (en moyenne GNF 50 000 000) qu’un autre qui le fait tout en passant par Conakry. Tout ceci est favorable à une stabilité des prix. Ce n’est pas pour rien que nous avons longtemps remarqué que certains produits vendus à Yembering coûtent moins chers que ceux pratiqués dans d’autres villes de la Guinée en raison de sa proximité avec le Sénégal qui jouit d’un taux de change fixe.
Par ailleurs, cette route comme toutes les autres routes nécessitent non seulement d’importants coûts sociaux (impôts, taxes fiscale et parafiscale), mais aussi et surtout une période d’amortissement en raison du calcul économique qui doit être effectué sinon les fonds libérés pour réaliser l’infrastructure aura des effets nuls, non avenus, sans fondement et participera à pénaliser le pays dans sa perspective de croissance économique. De même, nous autres bénéficiaires devront savoir que pause de première pierre ne signifie pas forcément exécution directe des travaux dans certains cas que nous le voulons plus que tout. De plus, pour que cet ouvrage vit pendant longtemps, l’Etat devra constituer une provision afin de faire face à la détérioration de la route afin que l’investissement appel à l’amortissement. Cette provision résultera forcément des montants perçus sous forme de taxes sur les entreprises et les personnes physiques qui prendront cette route. C’est seulement ainsi que nous aurons une route praticable.
Chers bénéficiaires de ce futur bijou, œuvrons à l’entretenir collectivement car il participera de son mieux au développement économique du pays mais aussi à la lutte contre la pauvreté qui ne fait gagner du terrain et cela malgré l’augmentation du revenu moyen du guinéen (cf. Classement de la Guinée par la Banque mondiale comme PFR tranche inférieure).
Safayiou Diallo
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