Beyla : Vol de matériel du projet d’interconnexion

Dans le cadre du projet d’interconnexion électrique, une vérification mensuelle du matériel est effectuée afin d’assurer un suivi rigoureux des équipements. Ce contrôle repose sur l’identification systématique des stocks à l’aide d’appareils spécifiques et une analyse comparative des données enregistrées.

C’est au cours de cette procédure, menée le lundi 20 janvier 2025, que l’équipe a constaté la disparition de six rouleaux de câbles.

Les premières investigations indiquent que le vol a eu lieu dans la nuit du dimanche 19 janvier 2025. Le lendemain, lors du contrôle habituel, l’absence de six rouleaux a été signalée.

Manous, responsable du magasin couvrant Beyla, Kérouané et Kankan, explique comment l’alerte a été donnée grâce à un témoignage clé : « Des voisins ont observé la présence d’un camion suspect dans l’entrepôt, en train de charger les câbles avec l’aide des gardes en charge de la sécurité du site. Ces témoins ont immédiatement alerté M. Diakité, superviseur du projet, en lui signalant la présence de ce camion transportant plusieurs rouleaux de câbles vers une destination inconnue. »

Fait notable, aucun Indien ni Abdoulaye Dabo, interprète du projet, n’a été aperçu sur les lieux au moment du chargement.

Suite à cette alerte, M. Diakité a initié une enquête approfondie : « Très vite, des indices ont conduit à une cour située au quartier Quinzambou, dans la commune urbaine de Beyla. Cette propriété appartient au sous-préfet de Gbackédou. Une perquisition immédiate a permis de retrouver les câbles volés, et des preuves photographiques ont été collectées. Le lundi matin, sur instruction de M. Manous, une nouvelle vérification des stocks a confirmé la disparition des câbles, validant ainsi les informations obtenues la veille. »

Face à cette situation, une descente a été effectuée sur les lieux en compagnie de la police et de la gendarmerie. Malheureusement, les câbles avaient déjà été découpés en morceaux, rendant leur récupération impossible.

L’affaire a immédiatement été portée devant la justice. Une enquête judiciaire a été ouverte et plusieurs personnes impliquées ont été arrêtées, parmi lesquelles trois complices actuellement en détention. Cependant, deux principaux suspects, appartenant à la société de sécurité G4S et soupçonnés d’avoir organisé le vol, sont en fuite.

Selon M. Manous, ce vol constitue un coup dur pour l’avancement du projet. Les câbles dérobés comprenaient quatre rouleaux de câbles de haute tension et deux rouleaux de mise à la terre, désormais inutilisables. « Les matériaux volés ne pourront plus être utilisés, car ils ont été découpés en morceaux. Une nouvelle commande devra être passée en Inde, pays d’origine de ces équipements. Cette procédure peut prendre jusqu’à six mois, ce qui risque de retarder considérablement le projet d’interconnexion, initialement prévu pour décembre 2025 », regrette-t-il.

 Face à cette situation préoccupante, M. Manous lance un appel aux autorités et à la population de Beyla afin d’identifier les responsables du vol et de contribuer à la récupération du matériel : « L’interconnexion électrique est un projet d’une importance capitale pour la Guinée. Il vise à améliorer l’accès à l’électricité et à favoriser le développement économique de la région. La disparition de ces câbles constitue donc un obstacle majeur à la réalisation de cette ambition. »

Malgré l’avancée de l’enquête et l’arrestation de plusieurs suspects, le sous-préfet, dans la cour duquel les câbles ont été retrouvés, ne fait l’objet d’aucune poursuite. Cette situation suscite des interrogations quant à l’impartialité de l’enquête et à la volonté des autorités de traduire tous les responsables en justice.

En attendant les conclusions des investigations, les équipes du projet restent mobilisées pour limiter l’impact de cette perte et identifier des solutions permettant de minimiser les retards. Cette affaire met en lumière les défis sécuritaires auxquels est confronté le projet d’interconnexion électrique et souligne la nécessité de renforcer les dispositifs de surveillance pour éviter de tels incidents à l’avenir.