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Le 31 juillet dernier, 4 accusés du procès du massacre du 28 septembre ont été libérés par le Tribunal criminel de Dixinn. Parmi eux, Cécé Raphaël Haba, artilleur et ancien garde rapprochée du Commandant Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba.
Cécé Raphaël Haba, qui vient donc de passer 15 ans à la Maison centrale de Conakry, a reçu Guineenews à son domicile situé dans la commune de Matoto. Ce mercredi, 7 août 2024, il a répondu aux questions de notre rédaction.
Guineenews : Après plusieurs années de détention à la maison centrale dans le cadre des évènements du 28 septembre, vous venez de sortir de la prison. Dites-nous votre sentiment ?
Cécé Raphaël Haba : Je remercie le Tout Puissant qui est le créateur du ciel et de la terre et qui a mis son souffle en moi. Je remercie beaucoup le Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya qui a pu organiser le procès du 28 Septembre pour pouvoir réellement connaître la vérité. Donc, je le remercie infiniment. J’ai été privé de ma liberté pendant 15 ans. Dans ce sens, j’ai pu supporter et je me suis accroché à Dieu. Cet accrochage m’a donné de la force, de l’espoir, le courage et la patience pour pouvoir adopter la souffrance que jai vécu. Aujourd’hui, cette souffrance a pris fin et que j’ai été acquitté au tribunal criminel de Dixinn. Donc, je suis très content d’être au sein de ma famille, ma femme, mes enfants et surtout ma fille que j’ai laissée derrière moi à 5 jours de sa naissance. Donc, je suis en joie avec toute ma famille.
Guineenews : Revenons un peu sur le jour de votre arrestation. Dites-nous dans quelle circonstance avez-vous été interpellé ?
Cécé Raphaël Haba : Vous savez, nous étions les gardes rapprochés au temps du CNDD. Moi précisément, j’étais le garde de Toumba. Après l’événement du 3 décembre [tentative d’assassinat du capitaine Dadis, ndlr], nous étions tous à Koundara. Après l’événement, moi qui ai assisté le président Moussa Dadis Camara, comme l’événement s’est passé devant nous tous, ils nous ont tous ramassé pour nous envoyer à la maison centrale. Mais j’étais recherché à mort. Mais Dieu m’a protégé. Étant à la maison centrale, on a été auditionné par le juge d’instruction. On était au nombre de 38 personnes. Donc, après les auditions, on a bénéficié d’un non-lieu et l’ordonnance de mise en liberté. L’arrêt d’e renvoi qui a été maintenu concernait trois personnes notamment, Beugré, Commandant Toumba et la troisième je ne sais s’il vit. Mais moi, on m’a maintenu en prison. Je n’ai pas pu recevoir ma liberté. Cette pauvre femme qui est ma femme Seny Lamah qui s’est battue pour aller voir le Procureur Moundjirou Cherif. Ce procureur a remis l’ordonnance de mise en liberté à ma femme. Elle a envoyé ça à la maison centrale. J’ai tenu cette ordonnance de renvoi pour donner au régisseur. Il y a un certain greffier qui a pris l’ordonnance de ma mise en liberté pour déchirer. Soi-disant qu’il y avait l’argent dans l’enveloppe et que je n’ai pas donné pour lui. Ça m’a fait mal parce que c’est ma liberté qui a été déchirée. Mais le régisseur a intervenu en disant : Madame aujourd’hui, tu vas rentrer avec ton mari. Parce que c’est le procureur général qui a signé l’ordre de mise en liberté. Mais on a passé toute la journée on ne m’a pas libéré et madame s’en est allée. Je suis resté dans ça, on me dit comme réellement l’affaire du 3 décembre est déjà finie, on te reproche du procès du 28 septembre. Comme tu es proche de Toumba, au moment que Toumba partait au stade est-ce que tu n’étais pas avec lui? J’ai dit non. Ils ont dit il faut que Toumba vienne pour que tu te justifies. Je me suis calmé jusqu’au jour où le président Mamadi Doumbouya a accéléré le dossier pour ouvrir le procès.
Guineenews : Parlez-nous de votre vécu à la maison centrale ?
Cécé Raphaël Haba : Ma venue à la maison centrale a apporté beaucoup de changements sur la vie des détenus. Parce que la majeure partie des détenus étaient perdus. Ils étaient dans le mal, dans le crime, dans le viol, dans l’abus de confiance. Mais quand je suis venu à la maison centrale, j’ai créé des structures. J’ai mis des ONG en place surtout pour les femmes. Elles font la prison sans être formées. J’ai créé le salon de coiffure pour 6 mois de formation. Après la formation on te donne un diplôme. Et nous invitions le Directeur de l’administration pénitentiaire qui assistait à la cérémonie. Après cela, j’ai organisé des formations pour la couture pour les mineures et les femmes. Cela n’a pas trop duré à cause de l’arrivée d’Ebola. J’ai mis encore une bibliothèque pour les grandes personnalités en prison. Pour leur permettre de lire pour oublier un peu le stress de la prison. Et je faisais la prêche devant chaque cellule. Pour que quand les prisonniers sortent de prison pour faciliter leur réinsertion socioprofessionnelle.
Guineenews : Quelle était votre relation avec Toumba Diakité en prison ?
Cécé Raphaël Haba : La venue de Toumba en prison, il était cadré par les gardes pénitentiaires parce qu’on disait qu’il était très bien formé. Donc personne n’osait s’approchait de lui. Son mouvement était limité donc, on n’avait pas l’accès à lui. C’est à la dernière minute quand on a été programmé pour le procès du 28 septembre, en descendant, ils nous a appelé en nous disant : « l’heure est proche. Faut pas que nous partons au procès sans se concerter ». Il a dit que « nous devons partir pour dire la vérité à la population. Parce que c’est l’histoire de notre pays et cette histoire ne doit pas être dans le faux. Il faut que ça soit l’histoire vraie. Elle pourrait être enseignée dans les écoles demain ».
Guineenews : Qu’est-ce qui vous a poussé à être pasteur ?
Cécé Raphaël Haba : Ma venue en prison, j’ai fait venir des pasteurs de l’étranger. Beaucoup de personnes venaient pour enseigner la parole de Dieu. Dès que j’ai découvert la parole de Dieu, j’ai fait l’analyse du monde et ce qui est dans la parole de Dieu j’ai trouvé que c’est différent. Donc, ça m’a touché. L’esprit saint m’a touché et on a cru à la parole de Dieu, on l’a aimé et voilà pourquoi on est resté derrière la parole de Dieu en choisissant son chemin.
Guineenews : Comptez-vous réintégrer l’armée ?
Cécé Raphaël Haba : L’homme que vous voyez devant vous, c’est l’homme qui respecte la discipline. Je suis très discipliné, je respectais déjà l’hiérarchie bien avant que je sois arrêté. Donc, quand j’ai été arrêté, je n’ai pas été radié. Jusqu’à présent j’étais dans l’armée. Pour preuve, étant en prison avec tous mes amis, le président de la République a pu penser à moi en m’élevant au rang d’officier. Donc, si je n’étais pas discipliné, je n’allais pas bénéficier de ce grade. Jusqu’à présent je suis dans l’armée. C’est pourquoi le jour de ma libération, j’ai pris mon avocat et nous sommes partis directement au sein de mon unité. Arrivé, c’était de l’amour, des accolades, l’enthousiasme, l’accueil. C’est pourquoi quand j’ai été libéré, je suis passé directement dans mon unité.
Guineenews : Allez-vous demandé réparation après toutes ces années passées en prison ?
Cécé Raphaël Haba : J’ai fait 15 ans en prison en tant, innocent. Mais la première des choses les plus importantes c’est l’acquittement. Le soldat qui respecte son devoir, réclame son droit mais pas dans la violence. C’est dans le respect. Donc, l’État connait que j’ai souffert avec ma famille. Ma pauvre femme, c’est les feuilles de patate qu’elle vendait pour me nourrir en prison. Je demande l’assistance et je fais un appel à l’autorité. Moi étant un officier supérieur de l’armée, reconnu, je suis logé dans une chambre salon. J’ai 6 enfants. Ma femme, ma belle-mère. Je suis venu nous sommes dans la même chambre. C’est ce que je demande par respect. Je demande à l’Union européenne et à toutes les grandes personnalités de notre pays de penser à moi et à ma famille, de nous aider pour que je puisse être dans un lieu très sûr pour que je puisse être cadré avec ma famille. Je sais que le président c’est quelqu’un de sage et de compréhensif, c’est quelqu’un qui aime ses subordonnés. Je demande que l’esprit saint le touche et qu’il puisse penser et avoir pitié de moi et ma pauvre famille. C’est ce que que je peux demander au monde entier.
Interview réalisée par Mohamed Diawaty DORÉ