Abdourahmane Sano: « à un an de la fin de la Transition, il y a lieu d’exprimer des inquiétudes… »

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Longtemps resté en retrait, Abdourahmane Sano, président par intérim de la plateforme dénommée Citoyens pour la République (CPR) a pris la parole ce jeudi 4 janvier 2024 pour s’exprimer sur la vie sociale et politique du pays, surtout la conduite de la transition.

Dans une lettre qu’il dit« adresser directement au chef de l’Etat », l’ancien Coordinateur du FNDC a décrit une situation délétère de gestion de la Transition par le CNRD et exprimé ses inquiétudes quant à l’orientation que tout cela risque de prendre. L’activiste exprime ces inquiétudes parce que, selon lui,« le pays va mal et très mal ».

Pour cet activiste, à« un an de la fin de la durée que vous vous êtes librement accordée pour conduire la Transition et mettre en œuvre le programme que vous avez établi unilatéralement, et au regard des développements qu’on observe, il y a lieu de vous exprimer mes profondes inquiétudes, quant au respect des engagements du CNRD et à une issue apaisée de la Transition actuelle ».Pour l’ancien ministre Sano, les pratiques dénoncées par le colonel Mamadi Doumbouya lors de sa prise du pouvoir le 21 décembre 2021,« sont encore d’actualité »aujourd’hui.

Pourtant, dira-t-il, « une bonne Transition se veut un moment de communion et une opportunité de réflexions et d’engagement de tous les acteurs du pays, autour des causes qui l’ont provoquée ».

« Une Transition est un moment pour s’accorder, en toutes responsabilités et sérénité, sur les solutions viables et sur les mécanismes efficaces et transparents de mise en œuvre, dans l’intérêt exclusif de la nation. Or, le constat d’aujourd’hui révèle l’absence d’un cadre de dialogue paisible et inclusif, permettant de créer les bases d’un consensus national sur la gouvernance, le chronogramme et la durée de la Transition. Une telle démarche aurait permis de garantir à la Transition actuelle une légitimité forte et une plus grande chance de succès, se traduisant par des élections transparentes, libres et apaisées, dont les résultats ne feraient l’objet d’aucune contestation crédible. Malheureusement, et comme on pouvait le redouter, l’égocentrisme, les calculs politiciens, les vieilles rancœurs, les ambitions démesurées, l’opportunisme et la passion, stimulés par la corruption et la quête effrénée de statut de l’élite, ont pris le dessus sur la raison, sur le sens de responsabilité et sur l’intérêt de la nation. Cet état de fait a conduit à des positions inconciliables qui compromettent aujourd’hui la recherche de solutions endogènes appropriées, devant permettre de redresser nos errements démocratiques. Dans ce pathétique affrontement, le CNRD n’a pas su s’élever en arbitre impartial, en privilégiant les retombées bénéfiques et durables pour le Peuple, d’une Transition répondant aux espérances de nos populations, en cette phase cruciale de notre histoire »,a-t-il ajouté.

Au sujet du dialogue inter-guinéen pourtant initié par le CNRD, Abdourahmane Sano estime que plus d’un an après ce cadre de dialogue « contesté, nous n’avons pas encore réussi à lui conférer le caractère inclusif et la crédibilité qui sied ».

Aussi, s’est-il voulu clair,« des difficultés persistantes sont constatées dans la coordination de l’action gouvernementale, notamment en raison de l’imprécision et du manque de transparence des relations entre le Gouvernement et le CNRD, qui demeure un organe largement informel dans sa constitution et dans son fonctionnement, plus de deux ans après son avènement au pouvoir ». « Le mode de sélection des hauts cadres du pays, a placé l’État sous la coupe de l’inexpérience, altérant ainsi les performances de l’administration et la qualité de l’offre de services publics »,a-t-il ajouté.

En dépit des nombreuses zones d’ombres décrites par l’ancien ministre Abdourahmane Sano, l’acteur dit rester« convaincu que la Guinée se remettra un jour debout »et dit prier de tout cœur, pour que le colonel Doumbouya soit« l’artisan de cet accomplissement sublime pour notre Peuple, dans le cadre de cette Transition ».

C’est pourquoi il propose, au nom du CPR, un certain nombre« de mesures urgentes» à prendre par le CNRD, pour« pour sortir de l’impasse, si cela n’est pas déjà trop tard ».

« Ces mesures viseront essentiellement le redressement et la réorientation de la transition vers l’unique direction envisageable, celle de créer les conditions d’un authentique dialogue inclusif afin de décrisper l’atmosphère sociopolitique, rassurer les milieux d’affaires et les populations, de circonscrire les risques encourus et de favoriser l’édification d’institutions indomptables pour les futurs dirigeants. Dans cette optique, les récents événements du 4 novembre et du 17 au 18 décembre, aussi tragiques qu’ils soient, vous offrent une opportunité politique en Or, pour déclencher un processus d’apaisement et de rectification, sans que vous perdiez la face », a-t-il dit.

MohamedNana Bangoura

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